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Intervention de Laurent de Buyer

Réunion du mardi 9 avril 2024 à 16h30
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Laurent de Buyer, directeur général d'Axema :

Mon propos visait à souligner qu'aucune politique gouvernementale n'encourage le développement du numérique agricole. Or nous considérons que celui qui maîtrisera les données agricoles aura la capacité de développer des logiciels d'aide à la décision pour les agriculteurs. C'est déjà le cas aujourd'hui mais ce sera encore davantage le cas demain avec l'intelligence artificielle. Or ces données, émises par divers tracteurs et diverses machines, ne sont absolument pas standardisées. Elles ont tendance à être exploitées par des fabricants plutôt que par une communauté. Le risque est donc que ces fabricants utilisent ces données pour leur propre compte, voire qu'ils les revendent à des tiers, alors que des acteurs tels qu'Agdatahub en France – il existe un autre acteur au niveau européen dont j'ai oublié le nom – pourraient les mettre à la disposition de tous. Une contractualisation a eu lieu avec la FNSEA puis a été reprise dans le Data Act pour garantir que les agriculteurs soient propriétaires des données et qu'une contractualisation avec un intermédiaire de données est soumise à leur acceptation. Le rôle de l'intermédiaire de données est de nettoyer les données avant de les redistribuer à des acteurs qui souhaiteraient les exploiter.

Si nous n'arrivons pas à ce résultat, au moins au niveau européen, nous serons à la merci d'acteurs qui ont les moyens d'exploiter ces données, tels que les GAFAM – lesquels ont sans doute commencé à s'en occuper –, et qui, le jour où ils maîtriseront les données agricoles comme ils maîtrisent aujourd'hui les données commerciales, auront le pouvoir de faire évoluer l'agriculture.

Il faudra que nous soyons capables de partager et de massifier les connaissances des agriculteurs, qui sont issues pour l'essentiel de la transmission orale et de l'expérience. Si nous ne le faisons pas, les humains ne progresseront pas à la même vitesse que les machines. La maîtrise des données est donc indispensable.

Arriver à peser au niveau européen est une question de volonté et de moyens. J'ai évoqué le volontarisme d'Axema. Nous sommes allés voir le ministre chargé du numérique, qui nous a encouragés à un galop d'essai. Nous avons alors investi 50 000 euros dans le projet Agdatahub avec une expérimentation dans le domaine de la pulvérisation. En dehors de cela, il n'existe aucune démarche structurée. Nous devrions donc être plus dynamiques sur le sujet.

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