Il y a toujours des tensions dans la mise en œuvre des réformes. Je maintiens que les groupements hospitaliers de territoire ont constitué une réforme absolument majeure. Sans eux, des hôpitaux de proximité auraient mis la clé sous la porte. Certains professionnels n'ont aucun intérêt à aller dans un hôpital de proximité : je ne vous parle pas de l'envie (ou non) d'habiter à tel endroit ou de la possibilité de trouver un travail pour le conjoint ou un lycée pour les enfants, mais bien de l'intérêt professionnel, c'est-à-dire de la possibilité de se constituer une patientèle suffisante. Je l'ai vécu dans de nombreux départements.
Avant la création des groupements hospitaliers de territoire et pour sauver des établissements – j'ai pu en sauver plusieurs, mais certains ont disparu par la suite, notamment l'hôpital de Die (Drôme) –, nous cherchions à trouver des accords avec d'autres structures, dans le cadre d'une coopération inter-hospitalière. Ce principe coopératif est la clé du maintien dans les territoires : un hôpital n'est pas une structure « suspendue », en dehors du tissu social et médical. En dehors des professionnels qui y travaillent, il faut aussi des médecins libéraux et des maisons de retraite. Il faut que ce soit un lieu de vie et, pour ce faire, une coopération entre les structures hospitalières et non hospitalières est nécessaire.
Pour ce qui concerne les ajustements à opérer éventuellement, madame Blanc, c'est à vous de répondre. Je ne travaille plus sur ces questions et je me garderais bien d'entrer dans de tels détails.
Je ne crois pas, monsieur Isaac-Sibille, que le secteur privé soit plus attractif que le secteur public. Il y a néanmoins dans le secteur public, au-delà des problèmes de gouvernance souvent mis en avant et qui ont constitué un sujet de préoccupation majeur au tournant des années 2010, un manque de fluidité dans l'organisation, surtout dans les grosses structures. De ce point de vue, c'est vrai que l'on pourrait regarder ce qui se passe du côté des Espic, qui remplissent des missions de service public tout en offrant une flexibilité organisationnelle souvent considérée comme attractive par les professionnels.