Je tiens d'abord à saluer le contenu de votre rapport, qui indique que l'action de l'UNRWA est « indispensable et irremplaçable ». Je déplore par ailleurs le nombre inédit d'humanitaires des Nations Unies qui ont été tués dans ce conflit. En effet, plus de 200 travailleurs humanitaires ont péri, dont 180 membres de l'UNRWA. L'Office a payé un très lourd tribut, alors même qu'il s'occupe depuis soixante-quinze ans de 6 millions de Palestiniens.
Vous avez indiqué qu'il existait deux missions distinctes concernant les preuves fournies à l'ONU par Israël. Si j'ai bien compris, vous avez relevé qu'une enquête avait été menée à son terme pour le moment et qu'elle avait blanchi l'un des salariés de l'UNRWA, tandis que d'autres étaient toujours en cours. Avez-vous reçu des éléments concernant le moment où ces allégations ont été formulées ? J'observe pour ma part qu'elles sont apparues concomitamment au moment où la Cour internationale de justice (CIJ) a évoqué un risque génocidaire de la part de l'Etat d'Israël et demandé qu'Israël prenne des mesures conservatoires, ce qu'il n'a pas fait.
Depuis, des États donateurs ont annoncé le gel de leurs financements et les attaques continuent de se multiplier. Ainsi, l'UNRWA a été délogée des bâtiments qu'elle occupait à Jérusalem et privée de l'un de ses comptes bancaires par une banque israélienne. De même, ses collaborateurs ont été interdits d'accès à Jérusalem et désormais son chef, Philippe Lazzarini, s'est vu par deux fois refuser l'accès à la bande de Gaza, ce qui constitue une violation du droit international. Une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée en décembre 2023 exige en effet que les parties autorisent et facilitent l'utilisation de tous les itinéraires en direction et dans l'ensemble de la bande de Gaza, pour permettre à l'aide vitale de parvenir aux civils.
Enfin, n'avez-vous pas le sentiment qu'à travers l'UNRWA, c'est l'ensemble de l'ONU et du droit international qui se trouvent affaiblis et décrédibilisés ? Vous avez bien rappelé que l'UNRWA est indispensable aux civils puisqu'aucune solution politique n'existe aujourd'hui. À l'heure où se prépare une offensive contre Rafah, le gouvernement d'extrême droite de Benjamin Netanyahou essaye justement de remettre en cause et d'enterrer – peut-être définitivement – cette solution à deux États, qui figure pourtant dans les résolutions des Nations Unies et que nous défendons.