Je voudrais à nouveau témoigner de mon expérience personnelle, car je suis confronté au multilinguisme et au plurilinguisme au quotidien.
Tout d'abord, je rappelle, parce qu'on l'oublie trop souvent et que les jeunes générations ne le savent peut-être pas, que le plurilinguisme de l'Union européenne n'a pas été une décision subie, mais le fruit d'un choix politique des années 1990 – ceux qui ont mon âge s'en souviendront. À l'issue d'un long débat, alors que l'Union européenne se construisait petit à petit, il a été décidé qu'elle compterait vingt-quatre langues officielles, afin d'éviter le recours à l'anglais ou l'espéranto – qui avait espéré à cette occasion faire son grand retour. Parmi ces langues, il y a le gaélique, par exemple, et il existe, au sein de l'Union européenne, le métier de traducteur allemand-gaélique.
Je rebondis ensuite sur le magnifique témoignage que nous avons entendu tout à l'heure. Un de mes copains, en Égypte, disait : « On ne parle pas une langue, on l'habite. » Quand on parle plusieurs langues, on habite un espace plus grand. On entend souvent que le plurilinguisme est une richesse ; je crois que c'est aussi une nécessité. Comme j'ai coutume de le dire dans les réunions publiques, la biodiversité est aussi utile à la planète que la « linguo-diversité » à l'humanisme et à la démocratie. Certaines choses s'expriment mieux dans une langue que dans une autre, et le plurilinguisme permet de mieux appréhender la réalité. Dans le monde troublé dans lequel nous vivons, le plurilinguisme, loin d'un simple confort, est une véritable nécessité.