Je remercie M. le rapporteur Steve Chailloux, ainsi que M. Frédéric Maillot pour cette initiative et leur engagement constant pour la défense des langues territoriales. Pour aider, soutenir et développer nos langues, il est urgent de mener une politique volontariste.
Il existe plus de soixante-dix langues dans notre pays, en particulier dans les territoires d'outre-mer. Ces langues sont d'une richesse exceptionnelle puisqu'elles font partie de notre patrimoine ; elles en sont également le véhicule. En effet, nos langues sont un moyen fort de transmission et de cohésion. Elles sont la porte d'entrée de l'histoire locale et des mémoires collectives, mais elles représentent aussi une riche compétence socio-économique.
Préserver nos langues territoriales, dont l'appartenance au patrimoine français est garantie par la Constitution, et permettre qu'elles continuent à être parlées, comprises, transmises, c'est aussi préserver nos diversités locales, qui sont les fondations d'une France riche dans son unité. Il convient de ne pas renvoyer dos à dos le français et les langues territoriales, les secondes faisant partie du premier, et l'ensemble concourant à la richesse de notre patrimoine culturel.
Le développement des langues territoriales ne portera donc pas atteinte à l'existence du français – bien au contraire. Permettez-moi de reprendre les propos de notre collègue Castellani dans l'hémicycle, au moment de la discussion de mon amendement au projet de loi d'orientation agricole, qui visait à permettre l'enseignement des langues territoriales dans les lycées agricoles : les langues ne s'annulent pas, elles se multiplient.
Si le créole, le basque, l'occitan, le corse ou le breton venaient à disparaître, ce ne serait pas uniquement préjudiciable pour les territoires d'outre-mer, le Pays basque, le Béarn, la Corse ou la Bretagne, mais pour la France tout entière car ces langues font partie de notre patrimoine commun. La diversité linguistique de la France, la première d'Europe, est une richesse. Les jeunes générations y sont particulièrement attachées. Ainsi, favoriser l'apprentissage des langues territoriales – d'autant plus si c'est au bénéfice de la réussite scolaire – est une bonne chose.
Dans le cadre du groupe d'études « Langues et cultures régionales », nous avons eu l'occasion d'entendre plusieurs jeunes nous raconter leur scolarité. Leur récit confirme les arguments de cette proposition de loi : oui, maîtriser des langues, territoriales comme étrangères, permet une meilleure réussite scolaire. En effet, la langue n'est pas seulement un moyen de communication, elle est porteuse d'une culture et d'une vision singulière du monde. Dans le cadre scolaire, la reconnaissance accordée à la langue dans laquelle évolue l'enfant donne une plus forte légitimité à son statut d'élève. L'interaction entre les langues est considérée comme un bienfait dans les milieux privilégiés ; cette chance doit être offerte à tous, en dépassant les préjugés de classe, d'origine ou de territoire.
Les jeunes attendent que l'apprentissage des langues territoriales soit sécurisé par la loi. Nous avons aujourd'hui l'occasion de poser une nouvelle pierre, de faire un nouveau pas vers la reconnaissance et la promotion de notre diversité linguistique sur l'ensemble du territoire français. La préservation et la transmission des langues sont un combat de tous les jours, à l'école, dans la société et dans nos institutions. Il est temps de ratifier enfin la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.