Si la France est indivisible, elle est multiple. De l'Hexagone jusqu'à l'Océan indien, ses habitantes et ses habitants sont riches d'une culture commune qu'ils ont construite depuis plusieurs siècles et de ces cultures locales qui font la particularité de notre nation, et dont les langues font évidemment partie. Si à La Réunion, en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane et à Mayotte, on parle le français, bon nombre de leurs concitoyennes et concitoyens ont un autre idiome pour langue première. Je précise que je préfère parler de langue première plutôt que de langue régionale. D'ailleurs, quand les élections européennes sont au cœur de l'actualité politique, ne pourrait-on pas dire que le français est lui aussi une langue régionale en Europe ?
Cette proposition de loi vise à donner aux enfants ultramarins la possibilité d'apprendre à l'école cette langue première car bien maîtriser cette langue maternelle, c'est donner à ces enfants l'opportunité d'approfondir leur culture tout en leur permettant de mieux maîtriser la langue française.
Vous le savez sans doute, la promesse égalitaire de notre République n'est pas tenue dans les académies d'outre-mer. Pour s'en persuader, il suffit d'observer la situation à Mayotte : des milliers de jeunes non scolarisés, des classes bondées, l'absence de cantine scolaire, un bâti scolaire délabré, des écoles vétustes où l'eau potable même fait défaut. Je vous le dis, les académies ultramarines ne peuvent pas être les oubliés de la République. Pour rappel, en 2023 encore, les évaluations de niveau montraient des écarts considérables puisque 21,5 % des élèves entrant en sixième à La Réunion avaient une maîtrise insuffisante ou fragile du français, 25 % à la Martinique, 28,7 % en Guadeloupe, 44,2 % en Guyane et 75,4 % à Mayotte,…