Par exemple, à Mayotte, les cours doivent être dédoublés dans la journée, exactement comme dans certains pays du tiers-monde. Le bâti scolaire est totalement dépassé et insuffisant dans ces deux départements.
En fait, pour ces deux départements, que l'on peut considérer comme sinistrés du point de vue éducatif, il faut un plan d'urgence global incluant des mesures d'ordre pédagogique, parmi lesquelles votre texte trouve toute sa place, mais aussi des dispositions concernant les infrastructures, la gestion du personnel enseignant, sa formation au contexte spécifique, ainsi qu'un pilotage renforcé et dédié, au plus près des besoins des territoires outre-mer. Les départements et régions des Antilles et de La Réunion devraient eux aussi bénéficier d'un plan de remise à niveau doté de moyens renforcés.
C'est d'ailleurs ce que prévoit le programme présidentiel de Marine Le Pen avec, en particulier, dans le domaine linguistique, le doublement des moyens des centres académiques pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs (Casnav). Nous prévoyons également le renforcement des moyens dédiés aux élèves non scolarisés antérieurement, ainsi que le développement d'internats éducatifs.
Votre proposition de loi ne répond donc, selon nous, qu'en partie à ce qu'exigerait la situation de l'école outre-mer. Pour en revenir à la question strictement linguistique, nous estimons donc qu'il faut en quelque sorte, comme je l'ai dit en commission, marcher sur deux jambes, et renforcer l'enseignement du français dans les écoles et établissements des collectivités d'outre-mer concomitamment au renforcement de l'enseignement des langues régionales.
Les rédacteurs de la proposition de loi soulignent à juste titre que l'enjeu de la réussite scolaire est aussi, in fine, l'intégration des jeunes dans le tissu économique, qu'il soit régional, national ou international. Le taux de chômage des 15-24 ans dans les territoires d'outre-mer varie d'un département à l'autre de 40 % à 52 % ; cela est intolérable. La maîtrise de la langue française est la condition sine qua non de l'insertion des jeunes dans le tissu économique.
Ce texte est toutefois un pas dans la bonne direction, monsieur le rapporteur. Ce pas, nous le franchirons avec vous.