La présente proposition de loi a pour objet central la « meilleure réussite scolaire des élèves ultramarins » et, au fond, le véritable problème qui la sous-tend est l'état du système éducatif dans les territoires d'outre-mer. Aux évaluations à l'entrée en sixième, les scores des départements d'outre-mer sont tous, sans exception, largement situés sous la moyenne nationale. Tous les indicateurs scolaires y sont au rouge.
Madame la ministre, comment expliquez-vous ces écarts de performances ? Comment justifiez-vous le fait que ces écarts, qui se retrouvent évidemment dans les chiffres de l'orientation et in fine dans le chômage des jeunes, aient pu s'enkyster littéralement depuis des décennies ? Ne voyez-vous pas ce que ces écarts signifient dans l'ordre symbolique pour nos compatriotes d'outre-mer ? Où croyez-vous que se forgent les violences qui émaillent régulièrement la vie des sociétés ultramarines ? Dans le laisser-aller, dans l'indifférence, dans une forme, j'ose le dire, de mépris objectif de la part des ministres successifs.
Revenons-en à la question linguistique. Il est affirmé dans l'exposé des motifs que la maîtrise des langues régionales serait de nature à favoriser la réussite scolaire et à réduire le décrochage. Le bilinguisme serait, du point de vue cognitif, un puissant stimulant, et faciliterait grandement l'acquisition des connaissances enseignées dans les écoles, les collèges et les lycées.
Disons ici d'emblée que le groupe Rassemblement national est partisan de la promotion de l'enseignement des langues régionales, constitutives de la culture des territoires d'outre-mer comme il l'est aussi de celle des régions métropolitaines de la République. Nous estimons en effet que l'identité nationale du peuple français se construit aussi par un enracinement dans les traditions patrimoniales locales, y compris linguistiques. Nous n'opposons donc en rien l'apprentissage du français et de la littérature française à l'apprentissage des langues vernaculaires.
Les évaluations pédagogiques réalisées dans les écoles Diwan en Bretagne ou dans les écoles franco-basques, comme dans toutes les écoles bilingues, corroborent l'affirmation des rédacteurs de la proposition de loi selon laquelle des élèves bilingues sont plus agiles intellectuellement que leurs camarades non bilingues.
Il existe cependant une différence notable en matière linguistique entre des élèves d'école basques, par exemple, et des élèves d'écoles situées dans les territoires d'outre-mer, car les jeunes ultramarins ne maîtrisent qu'imparfaitement la langue nationale, le français, qui est pour eux une langue seconde, comme l'indiquent clairement leurs résultats aux évaluations nationales et internationales. C'est pourquoi nous considérons que cette proposition de loi comporte une légère lacune car son objectif, une meilleure réussite scolaire, ne peut se réaliser qu'en renforçant également l'enseignement du français.
Nous estimons indispensable de considérer la question de la réussite scolaire des jeunes ultramarins, puisque c'est le sujet, à la fois de manière différenciée et d'un point de vue plus global. Chacun sait, par exemple, que Mayotte et la Guyane sont confrontées à une immigration incontrôlée qui déstabilise le système éducatif de ces départements.