Cette guerre des langues s'exprime par leur hiérarchie, façonnée et induite par notre histoire coloniale. Patrick Chamoiseau parle aussi d'imaginaire monolingue ; comme si notre langue officielle – celle de la République, de l'école, de l'administration, des services publics –, le français, était seule protégée de remparts contre la langue de l'autre. Cet imaginaire n'est qu'un mythe, une pauvre croyance qui ne reflète pas la réalité des territoires de la France ni la diversité des identités qui la façonnent.
Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne fixait l'objectif de décoloniser l'universel. Allons-y ! Nous avons devant nous un premier chantier qui consiste à décoloniser nos imaginaires en ce qui concerne la langue française, encore trop souvent perçue comme l'universel, comme étant, pour ainsi dire, la bonne langue. Mais la bonne langue, c'est celle qui vit, celle qui est parlée, celle qui est partagée.