confronté à des actions et à des réactions gouvernementales – jusqu'au plus haut niveau de l'État – incompréhensibles car elles refusent de prendre en compte la dimension coloniale de la situation.
Au-delà du contexte, cette discussion permet d'allier respect, justice et dignité de toutes les Françaises et de tous les Français, de nos parents, de nos enfants et de nos petits-enfants, dans tous les territoires de la République française, en particulier dans les territoires ultramarins que nous avons tendance à délaisser et dont nous nions trop souvent les spécificités. Cela paraît incroyable, mais force est de constater que proposer un enseignement des langues régionales sur le temps scolaire dans les académies d'outre-mer constitue une rupture, car cela était encore imaginable il y a quelques années.
Cette proposition de loi s'affirme comme un refus de l'« exotisation » des langues régionales qui ne sont ni des langues mortes ni un divertissement pour touristes. La France a longtemps refusé la diversité linguistique, pourtant réelle et très ancienne. Si cette stratégie a été parfois conduite au nom d'une nécessaire compréhension commune et d'une volonté d'unification, au nom de l'égalité et de l'accès au droit et à l'information, elle a aussi été un outil de domination et d'effacement des identités singulières.
Dans une tribune parue le 3 septembre 2023 dans Le Monde, l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau s'exprime ainsi : « Si nous restons à patauger dans l'imaginaire colonial, la guerre des langues restera en vigueur. »