Cela a provoqué diverses vexations et incompréhensions. Quand j'ai fait adopter la loi de 2021 sur les langues régionales, on m'a encore parlé de la punition dite de la vache. L'instituteur accrochait un sabot usagé au cou du premier élève surpris à prononcer un mot de breton dans la cour de récréation – car l'usage du breton était interdit dans l'enceinte de l'école –, qui devait à son tour trouver un camarade en train de parler breton pour lui transmettre le sabot. L'élève qui portait le sabot à la fin de la journée, c'est-à-dire souvent le plus faible, recevait soit quelques coups – à cette époque, on ne répugnait pas à en donner –, soit quelque autre punition. Malheureusement, de telles pratiques entraînaient une grande mésestime de soi et de nombreux problèmes psychologiques.
Il a fallu attendre 1983 pour que, pour la première fois, un ministre de l'éducation nationale – Alain Savary, en l'occurrence – autorise la création de classes bilingues français-langues régionales, qui se sont développées en Bretagne, puis dans d'autres régions comme le Pays basque. Nous n'avions alors que vingt-cinq à trente ans de retard par rapport au Pays basque espagnol ou encore au pays de Galles. Petit à petit, donc, la répression s'est faite moins sévère, les classes bilingues sont apparues et les langues régionales ont commencé à entrer dans l'école.
Les ministres peuvent être plus ou moins bien intentionnés à l'égard des langues régionales. Un de vos prédécesseurs, madame la ministre, ne l'était pas beaucoup. Sa réforme du bac a malheureusement conduit les effectifs des classes de breton au lycée à diminuer de moitié, et ceux des classes de gallo à diminuer de trois quarts. Bref, certains ministres sont éclairés et d'autres non.
M. Maillot voulait d'abord rendre obligatoire l'enseignement des langues régionales.