Un sujet qui m'est cher revient donc dans l'hémicycle : merci, cher Frédéric Maillot ! En effet, la France est riche de ses langues et de ses cultures, avec environ soixante-dix langues différentes : nous sommes Français dans la diversité. Or ce n'est pas vraiment ce qu'on nous a dit à l'école et cela ne s'est pas fait sans heurts. Les Français sont à la fois différents et unis dans la République. Ils ne se définissent pas en tant que peuple ou en tant qu'ethnie mais bien dans leur rapport à la République et à sa définition. Le regretté Guy Carcassonne demandait justement : « La République a-t-elle besoin d'une langue ? » On peut penser qu'elle a besoin d'une langue commune ; mais d'une langue unique, c'est évidemment une autre affaire.
Les relations entre la République et les langues régionales ont mal commencé. « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l'émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle l'italien et le fanatisme le basque. » Ce sont les mots de Barère, prononcés durant la Terreur, en 1794, lors d'une réunion du Comité de salut public dont il était membre. Pour lui, ces langues, qu'il qualifie d'idiomes, sont des jargons barbares. De cette conception naît l'idée qu'il faut envoyer dans les régions des enseignants qui ne parlent que la langue française – ou plutôt une forme de langue française très spéciale, un peu parisienne et parlée, à l'époque de la Révolution française, par à peine 10 % de la population.