Mettre en péril et tuer la spontanéité, c'est donc plonger l'enfant dans un mutisme qui parfois le suivra tout au long de sa vie. Notre richesse, c'est de posséder deux langues, le créole et le français. Notre richesse bilingue a été pendant longtemps refusée, notre imaginaire créole oublié, et la fée Carabosse a failli tuer Granmèrkal : c'est devenu chez certains une douleur !
Chaque fois qu'un adulte bien intentionné refoule le créole dans la gorge d'un enfant, c'est un coup porté à son imagination et un envoi en déportation de sa créativité. Ne donnons plus de place aux briseurs de l'élan créole, aux coupeurs d'ailes, aux coupeurs de l'imagination et de la créativité créoles. Il nous faut installer avec fierté le bilinguisme, qui véhicule notre moi profond, notre inconscient collectif et notre génie populaire. La langue créole est en nous et dit ce que nous sommes. Sortons des oppositions stériles entre le créole et le français, acceptons le bilinguisme potentiel et ouvrons la voie au multilinguisme en capturant d'autres langues comme l'anglais, le chinois, l'espagnol et d'autres encore… Nous sommes entourés de près de 2 milliards d'anglophones dans la région indo-océanique, c'est pourquoi l'apprentissage non facultatif de cours d'anglais dans toutes les écoles municipales est aussi un objectif à atteindre. Être créole, ce n'est pas être monolingue, c'est avoir l'appétit de toutes les langues du monde car la créolité est la fusion des langues et des cultures.