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Intervention de Jean-Hugues Ratenon

Séance en hémicycle du jeudi 30 mai 2024 à 9h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Hugues Ratenon :

Plus de 10 000 demandes de logement social seraient en attente de traitement en Guadeloupe, 12 000 en Guyane et 44 000 à La Réunion.

L'éloignement des fournisseurs de matières premières, situés pour la plupart en Europe, renchérit les coûts de la production de logements. L'acheminement des produits vers les différents territoires dépend en effet du fret maritime et du contexte géopolitique.

Oui, une commission d'enquête est tout à fait justifiée pour s'informer en profondeur sur les différents paramètres qui empêchent les ultramarins de disposer d'un toit décent au-dessus de leur tête. Comme l'a souligné ma collègue Karine Lebon, rapporteure de cette proposition de résolution : « Avec les pouvoirs exorbitants de cette commission d'enquête, nous serons enfin en mesure d'établir les responsabilités des acteurs de la politique du logement social dans nos territoires. »

À La Réunion, depuis début 2024, pas moins de 900 emplois ont été supprimés selon l'intersyndicale du bâtiment et travaux publics (BTP) de l'île. Du jamais vu ! Des dizaines d'entreprises sont en redressement judiciaire. Le BTP est à l'agonie, entraînant le désespoir chez les chefs d'entreprise – abandonnés à leur sort et étranglés par les charges –, les salariés mais aussi, et surtout, les demandeurs de logements, obligés de rester dans des logements indécents et surpeuplés.

La commission d'enquête va permettre de dégager des pistes de travail et des propositions d'action pour un « mieux logement » en outre-mer. Je rappelle que la proposition de résolution tendant à sa création a été adoptée à l'unanimité en commission des affaires économiques le 22 mai dernier ; je salue l'élargissement de son champ d'intervention aux raisons de l'insuffisance des logements en outre-mer. Les thèmes des normes de construction, de l'approvisionnement en matières premières dans nos bassins régionaux respectifs ainsi que des positions de monopole devront être abordés. Aucun sujet ne doit être tabou.

S'il ne s'agit pas d'une commission d'enquête à charge, elle devra identifier, avec tous les acteurs du logement, les freins qui empêchent d'offrir un toit à tous nos citoyens. Ma collègue Karine Lebon et les parlementaires signataires de cette proposition de résolution ne montent pas une opération politique. Dans nos permanences, nous sommes tous confrontés à la réalité : nous avons peu de réponses à apporter aux citoyens qui viennent nous demander de les aider à trouver un logement. Que répondre à ces désespoirs ? Que répondre à ces détresses ? Que répondre à ces personnes qui se retrouvent sans toit ou qui sont contraintes de dormir dans leur voiture ?

Nous ne pouvons pas rester insensibles et nous avons perdu trop de temps. Si rien n'est fait rapidement, les gens continueront à s'entasser dans des logements indécents voire insalubres, la promiscuité engendrant au surplus tensions et violences intrafamiliales. La scolarité des enfants sera compromise, des entreprises mettront la clé sous la porte, des centaines d'emplois seront supprimés, ajoutant de la pauvreté à la pauvreté, sans même évoquer les impacts négatifs sur nos économies.

Le groupe LFI – NUPES et moi-même adhérons entièrement à cette proposition de création d'une commission d'enquête.

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