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Intervention de Jean-Philippe Nilor

Séance en hémicycle du jeudi 30 mai 2024 à 9h00
Adaptation des politiques publiques au changement climatique notamment pour les villes côtières et insulaires — Explication de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Nilor :

ce dont il ne faut pas s'étonner puisqu'elle émane de mon éminent collègue Marcellin Nadeau, compatriote martiniquais et frère de combat dont je suis très fier. C'est une excellente initiative car elle répond à des enjeux et des défis contemporains majeurs auxquels sont confrontés la France entière mais aussi, plus spécifiquement, l'outre-mer, particulièrement exposé au réchauffement climatique dont les effets sur notre environnement, nos modes de vie, notre économie sont indéniables.

Même les climatosceptiques les plus radicaux ne peuvent, en toute objectivité, réfuter le constat dramatique qu'imposent l'intensification et la multiplication des phénomènes climatiques – sécheresse, incendies, vagues de chaleur, inondations, érosion, montée de la mer et recul du trait de côte. Notre planète est incontestablement en danger et ce, de manière irréversible, si rien n'est fait.

À l'horizon 2100, près de 450 000 logements, représentant une valeur de 86 milliards d'euros, seraient condamnés dans les villes côtières par le repli du trait de côte, selon les cartes prospectives publiées par le Cerema en avril 2024. Et le pire est à venir. En Martinique, nous risquons de perdre 5 % de superficie à l'horizon 2090 et pas moins de 15 000 personnes devront se déplacer dans les trente-cinq prochaines années. Ne nous contentons pas de ce constat et agissons en engageant sans délai une adaptation non plus réactive mais transformatrice, anticipant les changements à venir !

Cette proposition de résolution répond au besoin impérieux de réponses adaptées aux contextes locaux mais aussi et surtout à la nécessité d'inscrire un plan national d'adaptation au changement climatique dans le marbre de la prochaine loi de programmation sur l'énergie et le climat. Dépassant la simple collecte d'éléments épars de recherche, elle ouvre enfin la voie à une salutaire mutualisation des connaissances et des données scientifiques, gage d'une plus grande efficacité des politiques publiques. Elle vient, en outre, combler une carence législative en posant les jalons du cadre juridique de l'adaptation dans lequel devront désormais s'ancrer les politiques publiques.

Elle vise à garantir des moyens financiers élevés, à la hauteur des actions pertinentes et efficaces qui s'imposent, par la création d'un fonds dédié à l'érosion côtière. En tout état de cause, dans un contexte de coupes budgétaires brutales dans les moyens dédiés à l'écologie – rappelons l'amputation de 400 millions subie par le fonds Vert destiné à accompagner les collectivités –, cette double ambition d'adaptation et de mutualisation ne saurait se satisfaire d'une coquille financièrement vide, si l'on veut véritablement remédier aux problèmes d'inégalité de traitement entre les territoires. Les collectivités les plus exposées se trouvent souvent démunies, faute de moyens financiers, humains et techniques suffisants, alors qu'elles devraient être systématiquement accompagnées par l'État.

Ces collectivités et ces peuples menacés par le réchauffement climatique et l'érosion côtière vivent d'autant plus douloureusement cette réalité qu'ils sont de plus en plus conscients du fait que les causes profondes de ces dérèglements résident dans les politiques irresponsables des grandes puissances industrialisées de ce monde. Un cadre juridique et des moyens financiers sont nécessaires pour apporter sur le long terme des réponses adaptées à l'impact dévastateur du recul du trait de côte.

En définitive, cette proposition de résolution ambitionne de construire un modèle solidaire à destination et à partir des villes côtières, qui, dans les territoires dits d'outre-mer, peuvent être des terres d'innovation, des terres d'excellence, des références en matière écologique comme la commune du Prêcheur en Martinique. C'est avec force, fierté, conviction et détermination que le groupe LFI – NUPES votera ce texte.

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