Je salue l'initiative du groupe GDR – NUPES – et plus particulièrement de Marcellin Nadeau. Elle se rapporte à une problématique que nous connaissons très bien – j'ai d'ailleurs eu l'occasion de le recevoir dans ma mairie quand j'étais maire de Sainte-Anne. En outre, une expérimentation a été menée par le consortium pluridisciplinaire changement climatique et conséquences sur les Antilles Françaises (C3AF), qui réunit notamment des chercheurs de l'Université des Antilles, de l'université Paul Valéry Montpellier 3 et du BRGM. J'en profite pour féliciter et remercier Narcisse Zahibo, professeur à l'Université des Antilles.
Nous faisons face à une réalité alarmante et incontournable : les villes côtières et insulaires, dont celles de la Guadeloupe, sont en première ligne face aux effets dévastateurs du changement climatique. La proposition de résolution vise à répondre à ces défis avec la détermination et la rigueur nécessaires. Le rapport d'étude relatif à la projection du trait de côte publié le 5 avril par le Cerema ne laisse aucun doute quant à l'urgence de la situation.
Je rappellerai les chiffres que notre collègue Perceval Gaillard a cités tout à l'heure : en 2028, environ un millier de bâtiments, représentant une valeur de 240 millions d'euros, pourraient être touchés par le recul du trait de côte. À l'horizon 2050, 5 200 logements et 1 400 locaux d'activité pourraient être affectés, pour un coût total de 1,2 milliard d'euros. Et à l'horizon de 2100, les chiffres sont terrifiants : 450 000 logements et plus de 50 000 locaux d'activité seraient menacés, pour un coût estimé à 86 milliards d'euros. Ces projections jouent le rôle d'une véritable alarme. Elles montrent clairement que l'inaction n'est plus une option. Nous devons agir maintenant pour éviter ces scénarios catastrophiques.
La Guadeloupe, comme d'autres territoires insulaires, est particulièrement vulnérable. Ses côtes, ses infrastructures et ses habitants sont directement menacés par l'érosion et la montée des eaux. Nous voyons déjà les effets du changement climatique dans nos territoires : des routes sont endommagées, des plages érodées et des maisons en danger. L'urgence, qui est donc palpable, appelle à une action immédiate.
La Cour des comptes, dans la partie de son rapport public annuel consacrée à « la gestion du trait de côte en période de changement climatique », a pointé plusieurs lacunes des politiques actuelles : la connaissance imparfaite du phénomène, le recensement incomplet des biens menacés, l'application insuffisante des dispositifs de la loi « climat et résilience ». Nous ne pouvons pas continuer à naviguer à vue face à un tel danger. Des études plus fines sont absolument nécessaires pour appréhender le phénomène et ses conséquences.
La proposition de résolution, que nous soutenons, appelle ainsi à une action forte et coordonnée. Elle propose tout d'abord de planifier sur le long terme des réponses adaptées aux réalités locales, en inscrivant le Pnacc dans un chapitre dédié du projet de loi de programmation sur l'énergie et climat. Elle suggère ensuite de favoriser la transdisciplinarité dans la recherche et les politiques publiques visant à répondre aux défis climatiques ; de placer les impératifs sociaux au cœur des politiques d'adaptation afin de protéger les populations les plus vulnérables, et de développer de nouvelles méthodes de production et de partage des connaissances, incluant les savoirs locaux. Enfin, elle recommande d'appréhender et d'anticiper les conséquences juridiques du recul du trait de côte sur les cinquante pas géométriques dans les territoires ultramarins ; de créer un modèle financier solidaire, notamment par la création d'un fonds érosion côtière, et d'instaurer une stratégie nationale pour les déplacements de populations victimes des effets du changement climatique.
Vous l'aurez compris, face à de tels scénarios catastrophiques, nous ne pouvons plus nous permettre d'attendre. Le temps des discours est révolu ; le temps de l'action est venu. Nous devons prendre des mesures audacieuses et concertées pour protéger les territoires et assurer l'avenir de nos concitoyens.
Pour la Guadeloupe, ainsi que pour les autres territoires insulaires, cela signifie que des actions concrètes doivent être menées pour renforcer les infrastructures côtières, protéger les habitations et garantir la sécurité des citoyens face aux risques climatiques. Cela suppose également d'écouter les besoins et les savoirs des populations locales, qui sont en première ligne face à ces défis.
Par conséquent, le groupe Socialistes et apparentés votera pour cette proposition de résolution, afin d'affirmer son engagement à agir face à l'urgence climatique. Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que notre littoral s'effrite et que les populations sont mises en danger.