Tout le monde s'inquiète, à juste titre, des effets du dérèglement climatique sur les villes côtières et insulaires, particulièrement exposées aux aléas. Cette proposition de résolution est donc la bienvenue. En tant qu'élue de La Réunion, je tiens, pour commencer, à rappeler l'impact dramatique du dérèglement climatique dans les outre-mer.
Selon la note de l'Agence française de développement (AFD) intitulée « Vulnérabilités au changement climatique des outre-mer et des petits États insulaires », les territoires insulaires d'outre-mer sont à l'avant-poste du dérèglement climatique. Cette vulnérabilité résulte de leur aménagement, concentré sur les littoraux, ainsi que de la fragilité de leurs écosystèmes, qui concentrent 80 % de la biodiversité française sur seulement 22 % du territoire national. Ils sont donc particulièrement exposés à la montée du niveau de la mer et à l'intensification des événements extrêmes, tels que les chocs pluviométriques et les cyclones, plus intenses et plus fréquents.
Les risques liés à l'élévation du niveau de la mer sont particulièrement élevés à Saint-Martin, en Polynésie, à Wallis-et-Futuna et à Saint-Pierre-et-Miquelon, mais aussi en Guadeloupe, où les zones urbaines sont principalement situées sur le littoral. De même, les risques liés à l'instabilité des températures sont plus substantiels dans les territoires d'outre-mer, en particulier en Guadeloupe, où ils sont croissants, et à La Réunion, terre cyclonique.
Si seulement les gouvernements qui se succèdent tenaient compte des rapports produits sur le sujet, tels que celui de l'Observation national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) intitulé « Les outre-mer face au défi du changement climatique », remis en 2012 au Premier ministre et au Parlement par son président de l'époque, Paul Vergès. Ce travail soulignait que commencer par réduire la vulnérabilité des territoires constitue une voie concrète pour réduire leur vulnérabilité à long terme et s'adapter au changement climatique. L'enjeu est donc d'intégrer la perspective du long terme dans des actions immédiates.
Pourtant, les politiques publiques actuelles en matière d'adaptation ne sont pas à la hauteur de l'enjeu et s'inscrivent davantage dans la réaction que dans la prévention. Cette logique de court terme a un coût important sur les finances publiques. En cas de crise, il n'y a qu'une réaction aujourd'hui : des mécanismes assurantiels sont actionnés et des aides sont engagées. Si la facture est lourde, cette façon de procéder revient souvent à poser un pansement sur une jambe de bois, la situation n'étant pas réglée sur le fond.
À défaut de prendre les mesures de prévention supplémentaires tellement nécessaires, dans un contexte d'intensification des impacts du changement climatique, nous risquons de devoir accroître continûment les dépenses et les interventions pour réparer ce que l'on n'aura pas anticipé.
À l'instar du groupe Gauche démocrate et républicaine, nous estimons, au groupe LIOT, qu'il est légitime d'envisager de nouveaux instruments financiers à l'attention des villes côtières, en créant un fonds ad hoc ou en renforçant un fonds existant. Toutefois, il est également urgent que les responsables politiques, comme la société civile, le secteur privé, les citoyens, prennent toute leur part à la politique d'anticipation que nous réclamons. Tous les projets d'aménagements doivent prendre en considération les risques liés au dérèglement climatique.
L'élaboration de stratégies territoriales et locales d'adaptation devrait être encouragée pour rompre avec la multiplication d'interventions ponctuelles guidées par l'urgence, donc souvent dépourvues de vision à long terme. Nous attendons toujours le troisième plan national d'adaptation au changement climatique, dont la présentation ne cesse d'être repoussée ; nous espérons qu'il portera une véritable attention aux outre-mer.