Monsieur le Premier ministre, quelles œillères portez-vous pour ne pas voir l'autre colère qui monte ? Cette colère, c'est celle des parents et des élèves, celle des enseignants et des personnels de direction, celle de toutes celles et tous ceux qui se mobilisent pour l'avenir de nos enfants, et qui s'exprime à travers des rassemblements partout en France et des « collèges morts » à Vallons-de-l'Erdre, à Crest ou à Pontcharra.
Cela ne m'arrive pas souvent mais aujourd'hui, monsieur le Premier ministre, je suis en colère ! C'est une colère profonde, parce qu'à chacune de vos annonces incantatoires, ce sont les valeurs que j'ai fait vivre en tant qu'enseignant, celles que défend la communauté éducative, qui sont ébranlées.
L'école que nous voulons pour notre jeunesse est une école garante de l'égalité, une école ouverte et inclusive, une école où la liberté pédagogique reste de mise, au service de l'émancipation et de la réussite de tous les élèves. Vous préférez le fracas des annonces, pour une école fracassée. Vous devriez avoir en mémoire le fiasco de la réforme Blanquer et pressentir les fiascos à venir, notamment ceux des stages de reconquête du mois de juin et du choc des savoirs. Dans les deux cas, les chefs d'établissement vont s'arracher les cheveux pour organiser une garderie géante ou mettre en œuvre une réforme inapplicable, celle des groupes de niveau, dont personne ne veut.
Dans l'improvisation, loin du terrain, vous dessinez une école qui fermera des portes – à commencer par celles du lycée –, qui renforcera très tôt le sentiment d'échec et qui actera le tri social.
Quand vous vous en prenez aux fondements de l'éducation nationale, les parlementaires écologistes saisissent le Conseil d'État. Quand vous faites contre tout le monde, je veux faire avec chacune et chacun.
Si nous voulons une école qui permette de faire société, la société doit faire l'école. Êtes-vous prêt à lancer une convention citoyenne pour l'éducation ?