Soit elles contribueront à l'installation de nouveaux agriculteurs. Ce faisant, elles permettront d'atteindre le chiffre que le groupe Socialistes a, par amendement, introduit dans la loi : parallèlement aux 400 000 exploitations, nous avons besoin de 500 000 exploitants pour assurer la souveraineté alimentaire et les transitions agroécologiques indispensables à la survie de notre agriculture.
Au quotidien, dans chacun de nos territoires et chacune de nos circonscriptions, des démembrements de propriétés juridiques ont lieu, et on constate des aberrations en matière de travail intégralement délégué. Non seulement le phénomène sociétaire n'a pas été canalisé, mais il a parfois été amplifié par la loi Sempastous de 2021. Une grande dérégulation est à l'œuvre, ruinant les possibilités d'assurer le renouvellement des générations.
En 1962 déjà, ce phénomène massif était dénoncé par le grand Edgard Pisani. À cette tribune, il évoquait la dépaysannisation de l'agriculture et l'accaparement des terres – il utilisait déjà ce terme. Il expliquait que lorsque le plus gros cultivateur d'un village réalisait toutes les ventes, il empêchait les autres de se développer et de contribuer à nourrir leurs concitoyens. L'argent devenu anonyme dans la possession des terres dénaturait selon lui le lien entre la terre, la nation, le travail et le foncier.
Nous avons réussi à éviter l'aggravation de la situation par un mécanisme de financiarisation ; c'est peut-être la seule victoire que nous avons obtenue, grâce à notre mobilisation. Nous avons évité le pire, mais avons-nous préparé le meilleur ? Non.