Vous me dites que vous écoutez les Français, monsieur le rapporteur ; soit, vous avez raison de le faire mais je les écoute aussi, ainsi que les médecins. Ceux qui exercent en soins palliatifs nous expliquent que, pourvu que ces soins soient correctement dispensés dans toutes leurs dimensions – physique, psychologique, sociale, etc. –, les patients renoncent, dans presque tous les cas, à une solution létale.
Vous me dites que les Français veulent les deux à la fois, soins palliatifs et aide à mourir – mais les faits vous contredisent. Ce qui, selon les médecins, fait peur aux Français, c'est la souffrance, la douleur : dès lors qu'on s'y attaque, ils retrouvent le goût et l'envie de vivre.
On ne peut certes pas résumer les soins palliatifs à la prise en charge de cette douleur, et nous devons les envisager dans leur dimension pluridisciplinaire. Mais permettez-moi de vous citer le professeur Claire Fourcade, qui affirme, dans une interview donnée au JDD daté du 26 mai 2024, qu'il existe « une forme de déni complet de ce que sont les soins palliatifs, qui sont – elle le répète – une prise en charge globale. Ce qui se révèle pertinent est le développement des soins palliatifs précoces, c'est-à-dire intervenir auprès des patients dès les premiers stades de la maladie, afin de respecter leurs choix tout au long du processus, que ce soit pour intensifier les soins ou non. »
Elle a raison, et c'est ce déni qui vous fait recourir à la notion de soins d'accompagnement. Mais ce n'est pas cette précaution de vocabulaire qui atténuera la peur que les Français éprouvent face à la mort.