Nous devons diffuser cette culture auprès de l'ensemble de nos partenaires, notamment au sein de la direction des systèmes d'information (DSI). S'il est impossible de couper la climatisation de la salle informatique, on peut quand même envisager de nombreuses mesures permettant de réduire le « talon énergétique » que j'évoquais tout à l'heure.
Ainsi, les équipements audiovisuels, qui exigent à peu près la même climatisation que les appareils informatiques, tournaient en continu au motif que leur redémarrage nécessitait une reprogrammation. Cela peut se concevoir pour une interruption des travaux d'une journée, mais il est absurde de laisser les équipements tourner lorsque l'Assemblée suspend son activité pendant trois semaines !
De même, on maintenait le chauffage de l'hémicycle et des salles de commission à un niveau élevé, considérant qu'il fallait pouvoir ramener ces lieux à la température adéquate en une demi-heure. Cette mesure visant à garantir la continuité de l'activité parlementaire peut se comprendre dans l'absolu, mais nous savons tous qu'elle n'a pas de sens : on ne décide jamais d'ouvrir une séance publique avec un préavis d'une demi-heure ! Nous avons donc mis un terme à cette pratique, mais il a fallu convaincre les uns et les autres que nous serions en mesure d'assurer les mêmes conditions de confort avec un service nécessitant une intervention volontaire.
Nous avons connu quelques loupés, heureusement peu nombreux. Je me souviens d'une réunion du groupe majoritaire, salle Colbert, un mardi matin, qui ne figurait pas à l'agenda officiel et dont personne, dans ma direction, n'avait été informé. Il faisait 14 degrés et on nous a rapidement appelés pour se plaindre du froid…
Nous apprenons, au fil du temps, à mettre en place des routines pour remédier à la surconsommation. Par exemple, nous savons très bien qu'il ne sert à rien d'avoir un immeuble à 15 degrés le matin : nous serons alors confrontés aux plaintes des occupants, dont certains nous demanderont des convecteurs ou achèteront même leur appareil de chauffage personnel ! À leur arrivée dans les lieux, ils pousseront le chauffage au maximum ; s'ils ont la chance d'avoir une chambre à la résidence de la rue Saint-Dominique, ils utiliseront les sèche-serviettes, qui ne sont pas pilotables à distance – l'an dernier, nous en avons perdu une vingtaine qui servaient de chauffage d'appoint. À un moment, les occupants trouveront, de façon tout à fait légitime, que ces conditions ne leur permettent pas de travailler. Lors des périodes de grand froid, nous faisons donc tourner les installations la nuit, lorsque l'effort est moindre, ce qui nous permet d'amener les locaux à une température correcte pour commencer la journée. C'est ainsi que nous avons réussi à réduire non seulement notre consommation d'énergie, mais aussi et surtout le nombre de plaintes, qui a diminué de 80 % en deux ans – et ce n'est pas seulement le résultat d'une forme de résignation des occupants.
Troisième élément de l'approche retenue : donner la priorité aux actions les plus efficaces. Par exemple, chacun peut aisément comprendre que la rénovation du 35 quai d'Orsay a plus d'effet en matière d'économies d'énergie que la réduction de 1 ou 2 degrés Celsius de la température dans les cantonnements de la garde républicaine.
Au bout du compte, nous avons continué à réduire notre consommation d'énergie. Nous sommes à – 30 % depuis 2012, année de référence, sachant que l'objectif est de baisser cette consommation de 60 % d'ici à 2042. Nous avons donc fait la moitié de chemin. Je précise cependant que la facture d'énergie a doublé ces trois dernières années en raison de l'augmentation des tarifs. Si les dépenses au titre de l'énergie représentent à peu près 3 millions d'euros dans le budget 2024, celui pour 2025 prévoit qu'elles atteindront 7,5 millions.
C'est donc une puissante incitation à poursuivre les efforts.