Je me suis peut-être mal exprimé : ce n'est pas que nous ne voulons pas faire plus ! Par exemple, s'agissant des agrumes, un virus nous interdit de les exporter vers le territoire européen. C'est un frein réglementaire que nous entendons parfaitement. Et même sans cela, nous ne chercherions à exporter qu'une fois que notre propre marché serait saturé, ce qui n'est pas toujours possible. En revanche, les bananes françaises viennent alimenter directement les marchés hexagonaux. Il y a donc bien une volonté d'exporter vers l'Hexagone et l'Europe, ainsi que de produire plus et mieux, tout en tenant compte de nos contraintes.
Nous ne produirons pas de blé, de soja, de colza ni de maïs, parce que nous n'avons pas les surfaces nécessaires et que, quand bien même nous les aurions, encore faudrait-il qu'elles soient planes pour les mécaniser et avoir un rendement au champ digne de ce qui se fait sur le territoire européen. De même, nous ne produirons pas d'engrais à destination des filières animale et végétale parce que nous n'avons pas les minerais nécessaires. Au mieux, nous pourrons assembler le N, le P et le K. Nous faisons en sorte de valoriser les effluents de nos élevages dans nos exploitations, par l'amendement.
Tout cela est le reflet de notre insularité et de notre éloignement, mais aussi du relief et de nos contraintes. Sur certains territoires, toute la partie haute de l'île est réservée à un parc national, la partie basse à un parc marin : il ne nous reste plus que le milieu pour exercer nos métiers et développer des infrastructures publiques, des écoles, des routes. Nous devons composer avec ces contraintes spatiales mais aussi agronomiques, géographiques, climatiques. C'est pour cela que nous comptons fortement sur l'État pour nous accompagner vers des productions que nous nous sentons capables de développer plutôt que vers d'autres vouées à l'échec.