Je ne crois pas trop à la baguette magique.
La position des Jeunes Agriculteurs sur le libre-échange est très claire : nous sommes favorables aux accords qui permettent de s'assurer, grâce à des clauses miroirs, que les mêmes standards sont respectés. Il revient aux politiques de déterminer les modalités des contrôles et de se doter des moyens humains nécessaires pour effectuer ces derniers. Ce n'est pas à moi de le faire. Si l'on n'est pas capable de mettre en place ces clauses miroirs et de recruter les agents pour s'assurer de leur application, alors nous ne sommes pas favorables à ces accords.
Nous sommes pour l'Europe, mais pour mieux d'Europe. Il faut accepter que certaines choses ont été soit mal faites, soit mal comprises et mal expliquées.
La question de la régulation des marchés a été évoquée au sein de notre syndicat. On peut s'interroger sur l'adoption éventuelle en Europe d'un système comparable à celui en vigueur aux États-Unis. Ce dernier correspond à une forme de « tunnel de prix » : les subventions d'État diminuent lorsque les prix sont hauts et augmentent lorsqu'ils sont bas. Ou bien conserve-t-on la PAC, qui a fait l'objet de choix erronés depuis 2000 ? Le législateur a en effet décidé d'orienter les budgets vers la compensation environnementale, en oubliant que cette politique ne pouvait fonctionner que si un autre mécanisme permettait d'assurer la rémunération du coût du produit. Il faut que nous y réfléchissions collectivement. Doit-on revenir aux politiques antérieures, en admettant que l'on s'est trompé ? La compensation environnementale présentait certes un intérêt, mais des manifestations d'agriculteurs ont eu lieu dans la plupart des pays européens parce qu'elle ne permet pas de garantir une rentabilité économique aux exploitations. Nous disons donc qu'il faut lever le pied sur les réglementations environnementales afin de permettre aux entreprises de retrouver la profitabilité.
Vous avez raison, à l'heure actuelle nous n'avons pas de solution qui permette de disposer de carburants de substitution. Mais je pense que l'État en est responsable, car il lui appartient d'allouer les crédits à la recherche. Nous ne sommes pas au rendez-vous, car l'effort n'a pas été suffisant – ce qui est aussi le cas pour les recherches destinées à trouver des solutions pour se passer des produits phytosanitaires. Personne n'a intérêt à utiliser ces derniers : ils coûtent cher et n'ont pas les meilleurs effets sur l'environnement et la santé humaine. Nous trouvons dommage que les discussions sur l'évolution de l'utilisation des produits phytosanitaires excluent les grandes entreprises qui les produisent. On ne peut pas relever les grands défis en écartant une partie des acteurs du secteur. Certaines de ces entreprises sont capables d'investir des milliards chaque année dans des start-up pour faire des recherches sur le biocontrôle qui permettraient de se passer des produits phytosanitaires. Il est dommage que ces acteurs ne soient même pas consultés par les gouvernements en place, qui s'interdisent de discuter avec eux de peur d'être accusés de cogestion ou de collusion. Ce faisant, on se prive des réponses que pourraient nous apporter les chercheurs.
On pourrait refaire éternellement le débat sur la fiscalité du GNR. Il a eu lieu à un mauvais moment. Nous estimions que des mesures fiscales devaient être suivies très rapidement par d'autres réponses. Mais il faut être honnête, les crédits accordés à la recherche sont trop faibles pour relever les défis que vous avez évoqués.