Oui, l'Union européenne nourrit sa population : les niveaux de production répondent aux besoins. En revanche, l'accès à l'alimentation est loin d'être garanti pour l'ensemble des populations vivant sur le continent.
S'agissant des équilibres entre pays, on observe malheureusement que, dans plusieurs filières, la production française a reculé davantage que celle d'autres pays européens. À vouloir toujours faire mieux, nous avons perdu des places.
Pro-européens, les Jeunes Agriculteurs ont souvent rappelé qu'ils voulaient plus d'Europe, mais aussi « mieux d'Europe ». L'erreur serait de refuser de voir ce qui ne va pas et de renoncer, ainsi, à toute amélioration. À cet égard, nous considérons qu'avec le Green Deal, l'Europe associe l'écologie à la récession. Je trouve dommageables certains raccourcis – par exemple, l'idée selon laquelle il faudrait, pour préserver l'environnement, mettre un terme à toute utilisation de produits phytosanitaires ou à toute activité agricole considérée comme intensive par certains. Nous considérons que la France est capable de maintenir ses niveaux de production et d'exporter. Engagés depuis plusieurs années au sein de l'association Agriculteurs français et développement international (AFDI), nous nous efforçons de développer des filières dans des pays africains. Pour de nombreuses raisons, liées notamment au changement climatique, la souveraineté alimentaire y reste toutefois un objectif difficile à atteindre : certains pays africains qui ne pourront plus produire vont devoir importer l'alimentation nécessaire à leur population, sans quoi celle-ci viendra grossir les flux migratoires. Il nous faut donc renforcer les moyens dédiés à la recherche et aux adaptations nécessaires, afin de préserver l'environnement tout en maintenant la production à son niveau actuel.
À la question de savoir si la PAC a permis, jusqu'à maintenant, de nourrir la population européenne, la réponse est évidemment positive. Mais si rien n'est fait et si les orientations décidées ces dernières années se confirment, il n'est pas certain que je répondrai la même chose dans dix ou quinze.