Il m'apparaît nécessaire de revoir le contenu des études à l'École des hautes études en santé publique de Rennes, où l'on forme les directeurs d'hôpital. En matière de management, il faut reconnaître que des évolutions sont intervenues. Le Président de la République, à Bordeaux, a affirmé que le directeur est le patron de l'hôpital. Ce n'est pas aussi simple. Le succès repose sur une bonne entente entre le directeur et les soignants. Être un bon directeur est chose difficile. Il faut répondre aux injonctions des agences régionales de santé, parce qu'elles émanent de Bercy, et accompagner les projets médicaux, tout en cherchant à atteindre l'équilibre alors que l'activité est liée à la T2A. Ce n'est toutefois pas impossible. À ce titre, j'aimerais citer l'exemple du centre hospitalier de Valenciennes, où l'ancien directeur a su mettre en place une logique axée sur des objectifs médicaux, tout en veillant à ce que l'administratif soit aligné avec ces objectifs médicaux. Je crois beaucoup à la médicalisation de l'hôpital, qui repose, encore une fois, sur la confiance envers les soignants.
Les médecins savent compter et gérer, mais il ne faut pas oublier que chercher des économies peut affaiblir la qualité. En misant sur la qualité, des économies se réalisent naturellement. Ce raisonnement n'est pas un raisonnement comptable : il a prouvé son efficacité, notamment à la faveur de la réforme de 2004, et il suppose un changement de logique en termes de management.
Notre système de santé est précieux, il crée un lien entre tous les Français, qu'ils soient en bonne santé ou non. Il est aujourd'hui menacé, non pas par un manque de volonté de réforme, mais par l'absence d'une véritable vision d'ensemble permettant d'appréhender la crise profonde actuelle et la catastrophe qui nous guette. La confiance, l'attractivité et le maintien dans l'emploi sont les clés pour relever les défis de demain. La gestion de la dimension humaine en est une autre, de même que l'usage de l'intelligence artificielle, les nouvelles thérapies et les nouveaux équipements.
Nous sommes à l'aube d'une révolution, notamment en matière de prévention, en grande partie grâce à l'imagerie. Cependant, cela nécessite des moyens importants. La dimension structurelle est évidemment à prendre en compte, mais il convient également d'appréhender le problème de l'affectation des ressources. J'ai eu la chance, malgré les réformes à mener, de travailler à une époque où certaines marges de manœuvre existaient. L'argent ne coulait pas à flot, mais nous avions la possibilité, grâce aux économies réalisées, d'investir. Un système de santé dans lequel on n'investit pas est un système de santé qui, fatalement, s'affaiblira.