La revalorisation des spécialités que vous avez mentionnées est une priorité. S'il convient de conserver le principe de la tarification à l'acte, il est certain que cette tarification atteint certaines limites. La réforme de 2004, toujours en vigueur vingt ans plus tard alors que le système de santé a profondément évolué, devrait être complètement revue.
Vous avez mentionné la financiarisation du système de santé, qui est peu évoquée. Quand l'État ne se donne plus les moyens d'assumer ses responsabilités, d'autres s'en chargent. Nous avons connu des mouvements de concentration, avec des capitaux privés qui ont pénétré certains domaines, notamment les laboratoires d'analyse. Aujourd'hui, ce phénomène touche d'autres secteurs, à l'image des soins dentaires. Nous risquons de basculer vers un système à l'américaine, avec des soins de qualité réservés aux plus riches. La financiarisation à outrance représente un grave danger.
Mettre en place de véritables « contrats de maîtrise médicalisée » permettrait d'obtenir des résultats, à condition de trouver les bons interlocuteurs. J'ai eu la chance de travailler avec des interlocuteurs syndicaux, à l'hôpital et en médecine de ville, qui étaient des personnes dignes de confiance et disposées à signer et appliquer les accords. Je crois au dialogue social et au rôle des organismes paritaires, même si, dans le système de santé, il y a eu en 2004 un renforcement significatif de la place de l'État.
Je crois beaucoup au potentiel de la télémédecine, mais elle doit s'entourer de garde-fous : les patients ne se rendront pas seuls dans une cabine pour appuyer sur un bouton et consulter un serveur vocal. La présence de paramédicaux – infirmiers, infirmières ou professionnels de santé – reste indispensable. De manière générale, le système de santé « à la française » n'est viable qu'à la condition de conserver cette dimension humaine. Celle-ci doit d'ailleurs être mieux intégrée dans les cursus de formation.