Intervention de Xavier Bertrand

Réunion du mercredi 15 mai 2024 à 16h30
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, ancien ministre de la santé :

Non. Nous devons faire davantage confiance aux établissements privés. Il est évident que l'hôpital public souffre,mais compter y remédier en réduisant drastiquement les crédits alloués aux hôpitaux privés est une erreur. On pense pouvoir donner des gages au public avec des évolutions tarifaires du secteur privé très inférieures à l'inflation : c'est insensé ! Les cliniques privées ne roulent pas sur l'or, loin de là. Des services entiers fermeront dans les mois à venir, c'est la réalité. Aujourd'hui, une profonde réflexion sur l'hôpital public s'impose, notamment sur la gouvernance et la praticité. Malgré une augmentation de leur traitement, les personnels ne veulent pas rester dans l'hôpital public. Il convient d'apporter des réponses à cette situation.

Les hôpitaux publics pourront-ils garantir à leurs patients l'accès aux nouvelles thérapies ? La pénurie de médicaments en médecine de ville incite à en douter. L'intelligence artificielle (IA) arrive et elle représentera une formidable avancée si nous gardons la dimension profondément humaine de notre système de santé, liée à la qualité de notre formation. Or que faisons-nous pour intégrer l'IA ? Le plan « Hôpital 2012 » prévoyait 10 Md€ d'investissement et une informatisation des systèmes de santé à l'hôpital. Où en sommes-nous aujourd'hui ? L'enjeu n'est pas seulement d'éviter la catastrophe qui s'annonce, mais aussi de projeter notre système de santé dans vingt ou trente ans. Nous devons reconstruire le système de santé à partir des CHU, mais pas seulement. Nous avons besoin d'une vision totalement prospective. Nous ne pouvons pas nous contenter d'une vision comptable et budgétaire, sans penser aux grandes évolutions de notre système de santé.

Fragiliser les établissements de santé privés n'engendrerait que des difficultés. De nombreux établissements privés seraient en mesure d'ouvrir un service d'urgence. Pourquoi ne les sollicite-t-on pas ? Pourquoi ne leur accorde-t-on pas d'autorisation à cette fin ?

Plus largement, depuis combien de temps les questions de santé n'ont-elles pas été au centre d'un débat présidentiel ? La santé est l'une des principales préoccupations de nos concitoyens. Or le ministère de la santé est rarement situé très haut sur l'échelle hiérarchique du gouvernement. Il ne bénéficie pas d'une reconnaissance budgétaire suffisante. Chacun sait dans quelles conditions nos soignants ont travaillé durant la crise de la Covid-19. Ils nous ont permis de tenir, mais ils finiront par se décourager et cette perspective m'inquiète au plus haut point. J'ai mentionné les établissements privés, mais je pourrais aussi parler des infirmiers libéraux, des pharmaciens et de certaines spécialités qui sont aujourd'hui en grande souffrance.

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