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Intervention de Xavier Bertrand

Réunion du mercredi 15 mai 2024 à 16h30
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, ancien ministre de la santé :

Les professionnels de santé, dans certaines zones, ne cherchent pas forcément à gagner plus. Leur problème, qui n'est d'ailleurs pas propre aux médecins, concerne l'équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Dans ces cas-là, l'exercice collectif est souvent la solution. Il demeure complexe, mais il permet d'envisager une même rémunération sur moins de jours de travail. La valorisation des actes a toujours du sens.

Par ailleurs, les contrats passés par des collectivités ou par l'assurance maladie, au sein d'une même région, manquent de précision. Si vous faites vos études de médecine à Amiens ou à Lille, vous ne voulez pas forcément être affecté ailleurs dans la région. On pense que les jeunes médecins devraient se sentir redevables parce que leurs études sont payées. Or un jeune médecin, lorsqu'il achève ses études, est un trentenaire déjà bien engagé dans la vie, parfois avec une famille. Sa façon de rendre ce qu'il a reçu pendant ses études est de soigner les Français, cela doit être respecté.

Je suis favorable à l'incitation et opposé à la coercition. On ne peut pas changer les règles en cours de partie ; si on change les règles, c'est pour l'avenir. Et si on change les règles, le problème de l'attractivité se déportera de la sortie des études à l'entrée dans les études de médecine. Le nombre d'étudiants chutera. Pourquoi ? Parce que l'exercice libéral repose à la fois sur la liberté d'installation et sur la liberté de prescription. Réduire ces libertés suscitera une crise des vocations.

De nombreuses collectivités locales cherchent désormais à salarier les médecins. Quel est l'intérêt pour les médecins ? L'intérêt, pour eux, est de soigner les gens en entretenant une autre relation avec l'assurance maladie. Un médecin généraliste consacre une grande part de son temps à des procédures administratives destinées à l'assurance maladie. À l'hôpital, ce temps est considérablement réduit et les praticiens peuvent se consacrer davantage à ce pour quoi ils ont fait des études, c'est-à-dire soigner. La question du temps médical est l'une des clés, à long terme, pour restaurer l'attractivité des métiers, au-delà même de la rémunération.

En tant que ministre de la santé, j'ai souhaité que la médecine générale soit reconnue comme une spécialité, ce qui correspondait à une attente importante. J'ai également veillé à ce que le prix de la consultation soit porté à 23 euros, dans un souci de reconnaissance. Je pense que, au-delà des chiffres, il est important de changer l'état d'esprit des praticiens par ce type de mesure.

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