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Intervention de Xavier Bertrand

Réunion du mercredi 15 mai 2024 à 16h30
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, ancien ministre de la santé :

Je l'explique par le fait que l'on ne fait pas suffisamment confiance aux professionnels de santé. Or cette confiance est indispensable à la réussite d'une réforme. En 2004, malgré des enjeux budgétaires importants, j'ai opté pour une maîtrise « médicalisée » à rebours d'une maîtrise « comptable ». Avec la proposition de loi « Fourcade », devenue la loi du 10 août 2011, j'ai cherché un équilibre entre l'hospitalier et le libéral : notre système de santé est dual, avec un secteur public et un secteur privé, des établissements et de l'ambulatoire. Force est néanmoins de reconnaître que notre système est hospitalo-centré au bénéfice de l'hôpital public, comme le montrent les dernières décisions sur les tarifs.

J'ai mis en place des incitations pour les jeunes médecins en milieu rural. Les maisons de santé pluri-professionnelles (MSP) représentaient, à l'époque, une innovation majeure. Cependant, l'assurance maladie s'est efforcée de briser ces dispositifs, partant de l'idée que moins de médecins signifie moins d'actes, donc moins de dépenses et moins de déficits. Certains, d'ailleurs, continuent de raisonner ainsi… Or le véritable enjeu est de répondre aux besoins essentiels de la population en matière de santé.

Il nous faut faire face à ces besoins, renforcés par le vieillissement de la population et les affections de longue durée (ALD), avec des moyens adéquats et une allocation de ressources supérieure dans les années à venir. Des réformes structurelles restent à mener, par exemple sur les doublons : à une époque, on estimait que 15 % des examens médicaux étaient redondants ; ce chiffre n'a pas disparu et il existe encore des gisements d'économies importants à exploiter.

Toutes les économies possibles une fois réalisées, nous avons encore besoin d'une allocation de ressources supplémentaires parce que, en dépit du « Ségur de la santé », l'hôpital public reste en crise de confiance. Nous avons du mal à y retenir les professionnels et la question des déroulements de carrière reste problématique. En outre, les médecins ne sont pas suffisamment associés à la gouvernance. Nous avons pourtant constaté, au moment de la crise de la covid-19, que l'hôpital avait su faire face, parce que les soignants avaient pris les choses en main. Tant que la gouvernance ne changera pas, l'hôpital sera en difficulté.

D'autre part, comment développer l'hôpital sans penser à ce qui se passe en amont et en aval de l'hospitalisation ? J'ai le sentiment, aujourd'hui, que manquent une vision globale de l'hôpital et les moyens nécessaires à son développement. On se contente de défavoriser le secteur privé. À cet égard, les nouveaux tarifs, dont j'entends les motivations financières, représentent, selon moi, une ineptie : ils font courir le risque de fermetures de cliniques privées, ce qui aggravera les problèmes de l'hôpital. Nous ne pouvons pas réussir, j'en suis profondément convaincu, sans faire confiance aux soignants, à l'hôpital comme en ambulatoire.

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