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Intervention de Jean-Louis Martineau

Réunion du mercredi 3 avril 2024 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Louis Martineau, adjoint au coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (CNRLT) :

L'utilisation des algorithmes dans le renseignement est autorisée par l'article L. 851-3 du code de la sécurité intérieure (CSI). L'usage de cette technique est circonscrit à la lutte contre le terrorisme. Sa mise en œuvre est très difficile. Elle permet de faire des recherches dans le flux des métadonnées des communications téléphoniques, ce qui limite fortement son champ d'application. Le temps que nous autorisions le suivi d'une URL, les fournisseurs d'accès l'ont chiffrée.

Construire un algorithme prend environ deux ans. Le régler en prend un. Cette technique est donc peu utilisée. Je ne peux divulguer le nombre d'algorithmes, qui est classifié, mais je puis dire qu'il n'est pas élevé. Seules la DGSE et la DGSI ont la capacité humaine et technique d'en créer.

À titre personnel, je crois beaucoup à ces techniques. Elles économiseront de la ressource humaine, d'autant que les dimensions du big data excèdent les capacités de l'humain, même si la validation sera toujours humaine. Les algorithmes n'ont pas encore eu un impact sur les méthodes de travail des agents, mais ils seront déterminants à l'avenir, s'agissant notamment des comportements normés.

En contre-espionnage, par exemple, les comportements des agents chinois, tous peu ou prou passés par la même école, sont plus facilement repérables. Les islamistes ont des comportements anarchiques et irrationnels, surtout s'ils présentent des troubles psychologiques. Un algorithme a besoin de rationalité, car il recherche des comportements typiques. Telle est la limite de l'exercice.

S'agissant de la recomposition du dispositif de la France au Sahel, elle est un problème majeur. Pour l'heure, nous n'avons identifié aucun cas d'exportation de la menace sahélienne vers l'Europe ou ailleurs.

Ce que craignent les services, c'est la déstabilisation de la zone. Il s'agit d'éviter que le centre de l'Afrique devienne la Syrie de 2011 et que la menace remonte du Sahel vers le Maghreb, donc vers l'Occident. Les services travaillent à leur recomposition, qui est classifiée. Je ne peux en prédire le résultat faute d'avoir à en connaître.

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