Quelle menace la DETT fait-elle peser sur les sapeurs-pompiers ? Je pense que la DETT ne représente plus une menace, car elle a été évacuée par le Président de la République. Pour autant, certains souhaitent toujours faire appliquer la DETT aux militaires. Il faut savoir que la DETT militaire a été portée par un sous-officier slovène, gardien de refuge. Ceux qui souhaitent tuer la brigade de sapeurs-pompiers de Paris pourront édifier un monument à la gloire de cet homme, s'il nous est imposé d'appliquer la DETT.
La DETT représente en réalité trois menaces. La première menace réside dans l'évolution de l'état d'esprit. Mes pompiers ne comptent pas leurs heures. Quand la mission est là, ils assurent la mission. Quand Notre-Dame de Paris est en feu, je ne relève pas les pompiers au cœur de la mission sous le prétexte qu'ils n'ont pas fait leur temps de repos. C'est ce que j'appelle l'état d'esprit. Dès lors, je refuse de faire appliquer la DETT parce qu'elle modifiera fondamentalement l'état d'esprit des sapeurs-pompiers de Paris.
Le deuxième péril réside dans l'expérience. Les sapeurs-pompiers de Paris font beaucoup d'heures parce qu'ils exercent un métier de compagnonnage, un métier pour lequel il n'est pas possible de provoquer l'expérience ; elle vient à vous. On ne met pas le feu pour avoir de l'expérience. Dès lors, ce métier nécessite de la présence. En effet, les sapeurs-pompiers font beaucoup de gardes, ils sont souvent présents, mais ils accumulent une expérience qui leur sera capitale quand, à trois heures du matin, ils seront appelés sur le feu de la rue Erlanger, dans le XVIe arrondissement, où malheureusement nous déplorerons dix morts, mais où ils parviendront à sauver soixante-quatre personnes. Dès lors, l'expérience, le travail au quotidien et la présence sont essentiels dans ce métier.
Le troisième péril ne concerne pas le général de la brigade, mais le contributeur. En effet, la même qualité de service rendu (QSR) en appliquant la DETT fera exploser les coûts plus 30, 40 ou 50 % ; il faudrait effectuer le calcul, mais c'est impensable. Les pompiers de Paris travaillent trois mille quarante heures par an. Nous n'appliquons donc pas les trente-cinq heures. Bien sûr, ce temps de travail comprend les gardes, les mises à disposition de l'employeur, car ils ne sont pas en permanence en intervention. Ils ont des moments de repos, des moments au cours desquels ils déjeunent, etc. Pour autant, ils sont présents trois mille quarante heures par an. Le même temps de travail en application de la DETT fera exploser les coûts. Ce système n'est pas envisageable.
S'agissant de la question relative aux Jeux olympiques, en effet, le directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) et moi-même avons été un peu en conflit lors de la construction du PLF. La situation s'est apaisée dans la mesure où le DGSCGC avait ses contraintes et nous avons convenu qu'il débloquerait un budget supplémentaire parce que la BSPP a la possibilité de bénéficier d'un budget supplémentaire à mi-année, voté au Conseil de Paris. Il s'agit d'un budget de contribution auquel contribuent l'État, les collectivités, les trois départements de la petite couronne et les cent vingt-trois communes. En accord avec le préfet de police de Paris, il a été convenu que ce budget supplémentaire couvrirait donc les montants nécessaires à la bonne réalisation des Jeux olympiques.
Fort de cette assurance de ce budget supplémentaire, je n'ai pas réduit mon recrutement. En effet, les vingt-trois millions d'euros dont nous avions besoin devaient servir à mettre en œuvre les mesures de l'État, liées notamment aux revalorisations salariales. La garantie de ce budget m'a permis de poursuivre mes recrutements ce qui nous permettra de disposer des personnels nécessaires à la bonne réalisation des Jeux olympiques. Néanmoins, bien que je n'applique pas la DETT, je ne suis pas un esclavagiste et je ferai appel à cinq cents sapeurs-pompiers civils pour renforcer les effectifs pour la période des Jeux olympiques.
Nous travaillons donc en collaboration très étroite avec la DGSCGC pour la montée en puissance. Ces renforts de sapeurs-pompiers civils, professionnels et volontaires, arriveront de toute la France.
S'agissant de la question relative à la vulnérabilité contre les cyberattaques, nous sommes extrêmement prudents de sorte à ne pas mettre le système d'information opérationnel en péril. S'il était attaqué, nous ne pourrions plus faire partir les engins, bien que nous soyons habitués à travailler en mode dégradé, avec un téléphone, un crayon et un paperboard. Néanmoins, nous souhaitons nous protéger et nous avons récemment été audités par des entreprises agréées par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) et par l'Anssi elle-même qui est venue qualifier notre système. Il nous appartient d'opérer encore quelques légères remédiations avant les Jeux. Je suis tout à fait serein. Il est probable que, pendant les Jeux, nous limitions les accès à Internet sur nos ordinateurs de bureau afin d'éviter tous risques.