Je répondrai à la question relative à la tactique opérationnelle.
Vous avez évoqué les moyens aériens. La technique française opérationnelle, testée et enviée d'ailleurs au sein de l'Europe, réside dans l'attaque massive des feux de forêt naissants. Il s'agit de positionner des troupes au sol avec un appui aérien de manière à bloquer un feu avant qu'il atteigne cinq hectares. On sait que, dès lors qu'un feu de forêt dépasse cette dimension, il est plus complexe à maîtriser et mobilise beaucoup plus de moyens. La technique consiste donc à associer les troupes au sol des SDIS et les moyens aériens de la direction générale de la sécurité civile.
Ces moyens aériens sont de trois types. D'abord, l'avion amphibie, le fameux Canadair qui présente l'avantage de pouvoir se poser sur l'eau, d'écoper très rapidement et de pouvoir aller larguer. Entre le moment où on remplit la cuve d'un avion et celui où on procède au largage, le vol doit être le plus court possible. À titre d'exemple, si on écope en mer Méditerranée pour larguer à Avignon, ce ne sera pas très efficace.
Le Dash, deuxième type d'avion, nécessite de disposer d'un « pélicandrome », petit aéroport qui permet de poser un avion, et sur lequel des sapeurs-pompiers formés remplissent la cuve de l'avion, le plus souvent avec un retardant. Cet avion est pratique au centre de la France parce qu'il n'a pas besoin d'étendue d'eau.
L'hélicoptère bombardier d'eau constitue le troisième type de moyens aériens que nous utilisons, notamment lorsque le feu présente des dénivelés un peu importants, car il permet une frappe beaucoup plus chirurgicale.
Ces moyens appartiennent à la Sécurité civile. Certains SDIS louent en complément des moyens aériens dans le sud de notre pays.
S'agissant du test réalisé avec l'A400M, les spécialistes du feu de forêt nous ont indiqué qu'il présente un problème de pulvérisation trop important parce que l'A400M largue de trop grosses quantités et que, de fait, la pulvérisation n'est pas très efficace sur l'attaque des feux naissants. Néanmoins, une commande est ciblée vers la société Canadair qui nécessite de reconstruire les chaînes de production puisque la production du Canadair était arrêtée. Cela demandera du temps, et on peut légitimement s'interroger quant à la priorité qui risque d'être donnée aux Canadiens, qui ont subi d'importants feux l'année dernière.
Quoi qu'il en soit, la Fédération réfléchit avec Airbus quant à une éventuelle capacité européenne à construire des avions bombardiers d'eau. La réflexion n'écarte pas l'éventualité d'une coopération militaire avec d'autres moyens.