Je vois bien, monsieur de Fournas, que vous essayez avec malice de me faire dire du mal des chambres d'agriculture, ce qui ne se produira jamais.
Je m'efforce de faire face à la réalité telle qu'elle est. Or, premièrement, une grande partie des jeunes ne bénéficient pas de la dotation jeunes agriculteurs (DJA), parce qu'ils n'ont pas fréquenté les structures académiques. Deuxièmement, 50 % des jeunes – ou moins jeunes – qui veulent s'installer passent totalement à côté des structures d'accompagnement.
En proposant un guichet unique, bien identifié, nous indiquons à chaque personne désireuse de s'installer qu'elle dispose d'un lieu dans lequel sont regroupées toutes les structures d'accompagnement, dans leur pluralité – nous pouvons au moins être d'accord sur ce point. Elle peut alors faire son choix en fonction du type d'exploitation qu'elle veut développer. Un tel dispositif est nouveau.
La difficulté que nous rencontrons aujourd'hui est que le nombre d'installations est trop élevé, ce qui donne parfois lieu à des échecs. Je pense à ces jeunes qui s'installent sans accompagnement ni DJA : cinq ans après, que sont-ils devenus ? Vous connaissez cette situation – et parfois même la dénoncez.
Or le fait que des personnes qui ne sont pas issues du milieu agricole veuillent lancer des projets que je qualifierais non pas d'alternatifs, mais d'atypiques – si on les compare à des types d'installation plus académiques – constitue selon moi une richesse. Eh bien, le rôle de France Services agricultures est d'aider ces personnes.
D'autre part, on transforme le point d'accueil installation en point d'accueil installation et transmission. Plutôt que de lancer une réflexion distincte sur ces deux questions, il est en effet préférable de les mener de front. Il faut aussi accueillir l'agriculteur qui veut céder son exploitation mais qui ne peut pas forcément y consacrer beaucoup de temps car il a d'autres préoccupations – comme vous le savez, monsieur de Fournas. Lui aussi pourra, grâce à cette nouvelle structure, obtenir des renseignements et savoir comment gérer au mieux la transmission de son exploitation.
Nous ne réinventons pas la roue, nous complétons un dispositif en le rendant beaucoup plus opérationnel. Force est de constater qu'aujourd'hui il ne fonctionne plus pour une raison simple : le profil sociologique des personnes qui s'installent a changé, vous l'avez constaté comme moi. Autrefois les exploitations étaient reprises par des fils et filles d'agriculteurs. Désormais il n'en est plus ainsi. La majorité des exploitations sont reprises par des personnes qui ne sont pas issues du milieu agricole. Cette évolution sociologique représente aussi sans doute une richesse.
Si nous créons France Services agriculture, en garantissant un pluralisme, comme l'a très bien dit M. Benoit, c'est parce que nous voulions proposer un lieu dans lequel sont traitées, de façon convergente, l'installation et la transmission.
J'espère avoir répondu à vos interrogations.