Or l'exécutif a tardé à prendre ses responsabilités, alors qu'il avait lui-même contribué à réunir les conditions du cauchemar que vivent en ce moment même les Calédoniens.
Pour cette raison, nous prenons acte – avec soulagement mais sans renoncer à notre vigilance – de la décision du Président de la République de se rendre enfin sur place pour y installer une mission. Ces derniers jours, une grande partie des formations politiques de cette assemblée vous ont exhorté, monsieur le Premier ministre, à tout mettre en œuvre pour apaiser la situation – le retrait du processus constitutionnel, la reprise en main par Matignon ou encore la création d'une mission impartiale.
Alors que votre majorité au Congrès n'est plus assurée, il ne peut plus suffire de rétablir l'ordre. Il est indispensable de faire cesser les violences, mais vous savez aussi que l'accalmie n'adviendra qu'au sein d'un cadre de compromis et de consensus politique. Artisan majeur des accords de Matignon en 1988, Louis Le Pensec avait eu des paroles lumineuses en affirmant « s'apercevoir que la parole politique peut parfois faire taire les fusils. »
Il n'est plus l'heure de soutenir ceux qui prônent le passage en force, mais celle de marcher dans les pas de ceux qui vous ont précédé, de ceux qui ont bâti, grâce à des accords, un destin commun et l'espoir d'une paix durable.
Les escadrons de gendarmerie et les renforts militaires ne peuvent suffire. Aussi, comment comptez-vous renouer le dialogue empreint de patience qui se conclura sur la paix civile en Nouvelle-Calédonie ?