Nous abordons ce débat avec un regard laïque, en veillant à ce que le triptyque de notre devise républicaine soit respecté dans l'élaboration de la loi. Nous ne pouvons qu'être favorables au renforcement des soins d'accompagnement, aux droits des malades et aux maisons d'accompagnement, mais encore faut-il avoir la volonté de s'en donner les moyens. Cet accompagnement réel doit constituer une expression concrète de notre fraternité.
L'accès pour tous à une médecine palliative et curative relève d'une question de solidarité nationale. Son accessibilité à domicile ou dans l'établissement de son choix est une garantie d'égalité devant la mort, mais aussi une exigence éthique et démocratique, qui doit également prévaloir dans l'instauration des maisons d'accompagnement. Le plan personnel d'accompagnement doit prendre en compte l'application des directives anticipées et associer la personne de confiance. Il est également nécessaire de développer la possibilité de recevoir les soins d'accompagnement à domicile, de former le personnel médical et paramédical et d'informer le public à travers des campagnes de sensibilisation.
Le projet de loi permet des avancées sociétales et médicales majeures, mais il ne répond pas à toutes les détresses. La définition du court ou moyen terme est par ailleurs difficilement appréciable, y compris par les médecins. Dans sa rédaction actuelle, le projet prive les personnes atteintes de maladies neurodégénératives de la liberté de choisir le moment d'interrompre une vie de plus en plus invalidante.
Les directives anticipées doivent être prises en compte et devenir contraignantes. Dans l'accompagnement, à toutes les étapes du processus, la personne de confiance doit avoir sa place. Les maisons d'accompagnement doivent être dotées de moyens financiers et humains conséquents. Tous les choix doivent être respectés, qu'il s'agisse de la demande de l'aide à mourir ou du souhait de ne pas vouloir la provoquer. Cette loi citoyenne ouvre un espace de liberté, elle n'enlève rien à personne, mais offre un apaisement à bien des angoisses.
En conclusion, le déploiement généralisé des directives anticipées, du choix d'une personne de confiance et des soins palliatifs doit être au cœur de cette loi. Par cette loi, la France, fille des Lumières, garantira cette liberté ultime. Après les luttes menées pour ne plus enfanter dans la douleur, après les combats pour le droit à la contraception, puis l'interruption volontaire de grossesse, il s'agit peut-être de la dernière liberté que nous souhaitons conquérir, en tant que franc-maçonnes, femmes et citoyennes.