L'assentiment et le consentement sont deux choses différentes. L'assentiment, c'est reconnaître la personne dans son histoire, reconnaître ce qu'elle a été. Selon la logique générale du projet de loi, je ne vois pas à quel titre on refuserait à une personne, parce qu'elle est dans l'incapacité de s'exprimer à un moment donné, ce qu'elle avait toujours souhaité.
Le formalisme de la loi comporte un certain danger. En effet, la rigidité du cadre des procédures et des protocoles, si elle va à l'encontre de la capacité d'appréciation par les familles de ce que le malade avait fait valoir jusqu'à présent, remet en cause certaines libertés fondamentales.
Il me semble important, au moment de se projeter dans son avenir, d'avoir le sentiment d'être entouré par des professionnels et des familles disponibles. C'est la raison pour laquelle il convient de développer le soin des proches qui auront à survivre à un suicide assisté ou à une euthanasie. Or cet aspect n'est pas du tout abordé dans la loi.
Dans le prolongement de la réflexion de Mme Fiat sur la toilette mortuaire, qui fait partie d'un ensemble de rites d'adieu au cœur de l'engagement des professionnels vis-à-vis de la personne qu'ils ont accompagnée, je m'interroge sur la manière de ritualiser l'euthanasie. Dans les pays ayant déjà légiféré sur la possibilité de l'euthanasie, les difficultés rencontrées par les soignants et les familles doivent nous inspirer quant à la nécessité d'accompagner, de ritualiser ces moments dans les établissements où l'aide active à mourir est pratiquée.