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Intervention de Bruno Le Maire

Réunion du mardi 7 mai 2024 à 16h30
Commission des affaires économiques

Bruno Le Maire, ministre :

Je réponds à M. Vojetta, qui m'a demandé comment nous caractérisons notre politique budgétaire, qu'il s'agit tout simplement d'une politique de responsabilité. Ce n'est certainement pas de l'austérité – le niveau de dépenses publiques reste élevé – ni du laxisme. Il faut redresser les comptes publics : c'est impératif pour revenir sous les 3 % de déficit en 2027.

Il faut bien mesurer les défis considérables auxquels La Poste est confrontée en raison de l'effondrement du volume du courrier. Des engagements ont été pris au sujet de la qualité du service postal, et les subventions de l'État seront réduites si la qualité du service postal n'est pas assurée – les aides y sont conditionnées. Nous ferons un point sur la question spécifique de l'Aveyron avec Philippe Wahl dans quelques jours.

Monsieur Ray, je vous rejoins totalement en ce qui concerne le déficit extérieur. C'est l'un des points noirs de la France. Or, je pense très sincèrement que la puissance d'une nation se mesure à sa capacité à dégager un excédent commercial. Je l'ai dit à plusieurs reprises, la France n'a pas vocation à avoir systématiquement un déficit en la matière. Avant 2000, nous étions en excédent. Si nous sommes en déficit depuis vingt-cinq ans, c'est lié à la facture énergétique et à la désindustrialisation. La situation s'est améliorée entre 2022 et 2023, mais elle reste insatisfaisante. La seule solution, je reviens à mon intervention liminaire, est de redevenir une nation de production. Si nous favorisons trop la consommation, nous aurons toujours une balance commerciale déficitaire. Par ailleurs, le Rassemblement national nous accuse d'aller trop vite dans le domaine des véhicules électriques, mais il est indispensable de basculer vers cette industrie si nous ne voulons pas être de purs spectateurs et consommateurs dans la révolution automobile en cours.

S'agissant du réemploi de matériel, évoqué par M. Daubié, nous sommes tout à fait disposés à renforcer les contrôles.

Pour ce qui est de MA France, objet de deux questions posées par La France insoumise, Stellantis a décidé d'interrompre son approvisionnement auprès de ce sous-traitant. Il ressort des discussions que nous avons eues que la décision prise par Stellantis, qui concerne 90 % du chiffre d'affaires de MA France, est définitive. Par conséquent, notre action est désormais concentrée sur le reclassement des salariés, dans le cadre du fonds exceptionnel que nous avons mis en place, il y a quelques années, pour l'industrie automobile. Un conciliateur a été nommé et le ministre délégué chargé de l'industrie, Roland Lescure, suit la situation avec la plus grande attention.

Monsieur Bothorel, nous avons choisi de relancer la production de panneaux photovoltaïques en France. C'était un choix difficile, mais nous l'avons fait après avoir regardé les commandes qui étaient devant nous : elles devraient représenter 20 milliards d'euros en France dans les années qui viennent. Cet argent doit-il aller exclusivement à des panneaux chinois ou bien essayons-nous de produire ? Si nous voulons le faire, il faut réunir les conditions que j'ai évoquées en matière de compétitivité et on doit surtout produire des panneaux d'un standard plus élevé, réutilisables et ayant de meilleures performances. C'est l'ambition des deux gigafactories, l'une à Hambach et l'autre à Fos-sur-Mer, dont j'ai annoncé l'ouverture : il s'agit de redevenir un grand pays producteur de panneaux photovoltaïques, de dernière génération. Je pense qu'il est indispensable de faire ce pari, car je ne crois pas, je le répète, à un modèle dans lequel nous importons pour couvrir tous nos besoins en matière d'industrie verte. Il vaut mieux nous donner les moyens de produire sur notre territoire.

S'agissant de la simplification, au sujet de laquelle Nicole Le Peih m'a interrogé, les mesures réglementaires feront l'objet d'un comité de suivi parlementaire : vous y serez donc également associés.

Nous avons une divergence à propos du nucléaire. Nous estimons qu'il est rentable et nécessaire pour la continuité de l'approvisionnement électrique de produire de l'électricité nucléaire, donc d'avoir des réacteurs. S'agissant des accords entre EDF et l'industrie, le nombre de contrats signés ne me permet pas de dire que nous sommes pleinement satisfaits, mais nous ferons le point fin mai ou début juin : s'il y a alors un nombre suffisant d'accords, cela voudra dire qu'un équilibre a été trouvé ; sinon il faudra, comme le prévoit la clause de revoyure, réviser un certain nombre de paramètres.

En ce qui concerne le recrutement dans le secteur touristique, il y a effectivement, Stéphane Buchou l'a dit, une difficulté. La pénurie de main d'œuvre dans le domaine de l'hôtellerie, de la restauration et de l'événementiel montre qu'il reste beaucoup à faire pour valoriser ces métiers et développer les qualifications nécessaires.

Monsieur Tavel, je vous dis très simplement que la nationalisation n'est pas la réponse à toutes les difficultés industrielles. Sinon, l'État serait ruiné depuis longtemps. Les Chantiers de l'Atlantique fonctionnent très bien, mais ce n'est pas forcément un modèle qui peut valoir pour tout le monde. J'ai eu l'occasion de vous indiquer à Saint-Nazaire que j'avais rencontré à Washington le patron de General Electric et que je veillais à ce que les activités de ce groupe en France se poursuivent dans les meilleures conditions.

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