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Intervention de Bruno Le Maire

Réunion du mardi 7 mai 2024 à 16h30
Commission des affaires économiques

Bruno Le Maire, ministre :

Fidèle à la longue tradition de rapprochement entre les communistes et les gaullistes, je crains de partager pleinement les propos de M. Jumel – vous vous garderez de le répéter, monsieur le président. La réindustrialisation est un combat extrêmement dur, parce que les intérêts financiers sont lourds. Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous dites sur les ouvriers, comme j'ai pu le constater à Ascoval lors de l'un de mes premiers déplacements comme ministre chargé de l'économie et des finances il y a sept ans. Si je n'avais pas rencontré les ouvriers et les syndicats – auxquels je rends hommage –, ce site aurait fermé car les investisseurs ne le jugeaient plus rentable, estimant que l'aluminium ne pouvait plus être produit en France. Or, à Ascoval, l'unité de production était flambant neuve ; les ouvriers, totalement mobilisés, m'ont expliqué que l'électrification avait coûté cher, mais qu'elle faisait de l'unité de production la structure la plus en pointe en Europe. Ce sont les ouvriers qui m'ont convaincu qu'on ne pouvait pas la sacrifier, pas les investisseurs, même si ces derniers ont ensuite joué leur rôle. Vous avez raison, écouter ce que les salariés et les ouvriers ont à dire sur leur outil de production est toujours utile.

On me reproche parfois d'utiliser le mot de « protection », mais je n'hésite pas à l'employer : l'Europe doit protéger ses intérêts. M. Lakshmi Mittal a choisi Aluminium Dunkerque comme premier site pour décarboner sa production – preuve de l'attractivité de notre pays – et a implanté une usine sidérurgique fonctionnant avec des fours électriques. Dans ce site de plusieurs milliers d'hectares, l'un des plus étendus d'Europe, des investissements de 5 milliards d'euros ont été consentis pour aménager la chaîne de production ; l'aluminium qui sortira de l'usine et qui servira à fabriquer des tôles pour les voitures sera forcément plus cher que celui produit en Turquie, en Inde ou en Chine. Sans protection, le modèle économique n'est donc pas viable.

Le grand sujet devant nous est l'attractivité des métiers industriels : nous devons tous nous retrousser les manches pour développer les stages et informer les jeunes sur ces métiers. Nous manquons de chaudronniers, de soudeurs, d'ingénieurs et d'énormément de techniciens de maintenance.

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