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Intervention de Matthias Tavel

Réunion du mardi 7 mai 2024 à 16h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMatthias Tavel :

Monsieur le ministre, vous allez fêter vos sept ans au ministère de l'économie, et pourtant, vous semblez découvrir chaque jour la réalité de votre mauvais bilan, le fonctionnement du marché européen de l'électricité, que vous soutenez, ou l'état des finances publiques, que vous avez vous-même dégradées.

Vous n'apprenez pas des erreurs du passé. Vous allez encore aggraver la situation économique du pays en le soumettant à une nouvelle cure d'austérité, en décidant de nouvelles baisses des dépenses sociales, en vous attaquant aux droits des chômeurs et des travailleurs, et en supprimant des emplois dans les écoles et les hôpitaux publics, ce qui va réduire l'activité. Ce n'est pas La France insoumise qui le dit, mais l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui rappelle que les coupes budgétaires de 10 milliards d'euros que vous avez d'ores et déjà prévues vont faire reculer le PIB de 0,2 point.

Non, vous n'apprenez pas des erreurs du passé. Vous appliquez la politique d'austérité qui a déjà ruiné la Grèce. Pourtant, à l'époque, l'ex-ministre grec Yánis Varoufákis expliquait que Paris était la destination finale de la troïka, qui avait pour but de casser les services publics et les droits sociaux. Nous y voilà. C'est vous qui êtes chargé de la sale besogne. Cette logique doit cesser.

Vous êtes à court d'idées pour boucler votre budget. Vous pourriez déjà permettre à l'Assemblée nationale de se prononcer sur un projet de budget rectificatif, faute de quoi nous déposerons une motion de censure. Or, vous avez vidé de 50 milliards d'euros par an les caisses de l'État, à coups de cadeaux aux plus riches et aux grandes entreprises. Votre bilan, c'est 100 milliards d'euros de dividendes pour les actionnaires du CAC40, des écarts de salaires absolument monstrueux au sein des entreprises – je pense à la rémunération de Carlos Tavares alors que PSA menace ses sous-traitants – et le doublement des grandes fortunes. Il est temps de mettre fin à ces surprofits, à ces sursalaires et à cette surexploitation du travail des Français.

Vous parlez d'industrie. Là non plus, vous n'apprenez pas de vos propres erreurs. Vous vous vantez d'un bilan du cabinet EY, mais l'avez-vous seulement lu ? Ce document nous apprend que la France est à l'avant-dernière place en matière d'emplois créés par les investissements étrangers et à la dernière place dans le secteur industriel. La réalité de votre bilan industriel, c'est que les défaillances de PME n'ont jamais été aussi nombreuses – et pas seulement en raison du covid-19 – et que la part de l'emploi industriel dans l'emploi total n'a jamais été aussi basse. À cela s'ajoutent la liquidation de Duralex et de Systovi – une entreprise qui produisait des panneaux photovoltaïques – ainsi que les menaces très directes qui pèsent sur Metex, MA France et un site de General Electric dans ma circonscription.

Vous dites vouloir enfin protéger notre industrie. Devant le bilan désastreux de votre politique, vous êtes obligé de reprendre les mots qui sont les nôtres. Cependant, vous savez très bien que les traités européens interdisent ce protectionnisme dont nous avons besoin, et que la Commission européenne, que vous soutenez, ne le permet pas. Êtes-vous prêt à déroger aux traités et à désobéir à la Commission ?

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