On entend souvent dire dans nos débats – y compris par vous-même, Monsieur le ministre – que la coexistence de modèles distincts est possible et qu'il faut encourager leur diversité. L'agriculture est bien la seule à faire l'objet de tels propos. En matière d'énergie, par exemple, on ne dit pas qu'il faut faire cohabiter les énergies fossiles avec les énergies décarbonées.
Dire qu'il n'est pas possible de passer sans délai d'un modèle à l'autre pose une vraie question ; en revanche, que nous ne nous donnions aucune perspective de transformation profonde de notre modèle agricole pour aller vers un modèle agroécologique est peu compréhensible.
Cela suggère que nous continuerons longtemps encore à faire coexister les deux modèles. Or, l'un peut abîmer l'autre, comme l'illustre l'exemple du prosulfocarbe – lequel pose le problème de l'indemnisation des exploitations en agriculture biologique contaminées. De surcroît, le soutien à ces deux modèles n'est pas équitable, l'un étant beaucoup plus soutenu que l'autre.