Pourquoi investir dans les médias quand on vient d'un groupe de transport maritime et de logistique ? Vous avez raison de me poser la question, car je me la pose aussi ! Je me suis positionné pour investir dans La Provence car je ne voulais pas qu'elle soit transférée à Nice et que Marseille, deuxième ville de France, n'ait plus de journal. Dans le cadre de cette opération, nous avons racheté La Provence et Corse-Matin. J'ai ensuite cherché à acheter un média de presse qui pourrait apporter à La Provence une, voire plusieurs pages économiques. C'est dans ce cadre que j'ai rencontré Jean-Christophe et son actionnaire, à qui j'ai proposé un projet commun. Une fois que l'opération avec La Tribune a été engagée, j'ai demandé à Jean-Christophe de réfléchir à un journal qui paraîtrait le dimanche. Il m'a dit qu'un tel projet était dans les cartons, prêt à être lancé sous huit semaines.
Nous sommes une famille d'entrepreneurs, de développeurs. Notre objectif n'est pas d'investir de l'argent à perte ou pour plaire à quiconque. C'est l'argent de la famille et du groupe, et j'y fais très attention. Je crois au pôle média comme une diversification qui peut rapporter. Si j'investis autant d'argent dans BFM TV, pour reprendre les propos de l'un d'entre vous, c'est parce que je crois à ce modèle. Je crois qu'il y a quelque chose à faire. J'achète une pépite qu'il me revient, avec les équipes, de développer. Je crois aux médias et à leur développement, à une époque où le digital et l'intelligence artificielle occupent une place croissante.
Dans les médias, chacun a son rôle. Le mien est celui de l'actionnaire. Je n'interviens pas dans la ligne éditoriale. Toutefois, comme dans toute filiale qui appartient au groupe, je dois être informé quand il y a une crise. J'ai des équipes qui gèrent, et qui gèrent bien. Mais c'est une entreprise familiale : quand il y a une crise, comme celle que nous avons connue le week-end dernier à La Provence, j'en suis informé. C'est de cette façon que je souhaite bâtir mon pôle média. D'un côté, la ligne éditoriale est indépendante et je me suis engagé à respecter cette indépendance. Mais, de l'autre côté, j'engage aussi beaucoup d'argent. Or il ne s'agit pas de confier de l'argent à des tiers pour qu'ils jouent avec. C'est en cela qu'il faut faire attention à la manière dont l'opération est menée.
J'ai donné d'emblée mon feu vert à l'indépendance de la ligne éditoriale.
Par ailleurs, nous partageons tous les mêmes valeurs : le travail, l'audace, l'ambition, la volonté, l'éthique et le pluralisme. Ce ne sont pas des valeurs que CMA CGM aurait sorties du chapeau pour les appliquer uniquement à ses intérêts. Elles sont universelles et s'appliquent dans tous les domaines. Ce sont elles qui nous définissent, raison pour laquelle nous les mettons en avant.