Un des signes de la tiers-mondisation de la France, selon moi, c'est que nous produisons des matières premières que nous ne transformons pas. Pourtant, nous savons faire ; parfois, nous avons même inventé le processus de transformation – je pense à la filière du lin, chère à mon cœur de Picard. La Picardie maritime produit, selon les années, entre 60 et 75 % du lin mondial. L'essentiel de la production est acheté par la Chine, qui a recours à des pratiques déloyales. Elle la transforme avec des machines qu'ont inventées nos aïeux, la Chine n'ayant ni tradition ni consommation linière ; puis les produits transformés repartent en Europe. On nous a expliqué pendant des années que l'on n'allait pas faire de textile en France, alors même que l'on peut utiliser le lin dans des tissus innovants de dernière génération, dotés d'une forte valeur ajoutée. C'est la même chose avec la pomme de terre. Comment voyez-vous les choses ? Comment expliquez-vous notre incapacité à transformer ? La production transformée créant de la valeur ajoutée sur le territoire, il serait plus facile de mieux rémunérer.