Je suis très surpris par la véhémence de vos propos à l'égard des grands groupes industriels ou des grandes coopératives, qui sont assez minoritaires dans la structure de l'industrie agroalimentaire française, composée à 98 % ou 99 % de PME. Certaines de ces 18 000 entreprises sont des filiales de coopératives ou de groupes importants mais, dans l'ensemble, la structuration de cette industrie reste très proche de nos territoires.
Pourquoi votre approche de la relation entre l'industrie agroalimentaire et le monde agricole n'est-elle pas plus constructive ? Cela m'a toujours beaucoup frappé : il n'y a pas énormément de liens entre l'ANIA (Association nationale des industries alimentaires) et les grandes organisations professionnelles agricoles, qui ne sont pas extrêmement intégrées. Vous tenez un discours très combatif à l'encontre des coopératives alors que celles-ci ont grandement servi le monde agricole en lui offrant des débouchés. Dans ma région, Avril et Axéréal sont des grands groupes coopératifs qui ont structuré la filière céréalière en Centre-Val de Loire et en Bourgogne.
Vous parliez d'une réforme : je n'y suis pas totalement opposé, au contraire. Mais le problème ne serait-il pas plutôt celui de la démocratie interne et du degré d'implication des coopérateurs face au management, ce dernier prenant souvent la main sur le monde agricole ? Ne devrions-nous pas adopter une approche plus pragmatique et plus constructive à l'égard des groupes industriels ? Je pense à Lactalis, à Bigard et à bien d'autres. Je connais des groupes industriels qui ont pris des initiatives formidables, comme la commercialisation du lait « C'est qui le patron ?! » par LSDH (Laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel) – et pourtant, c'est une grosse boîte !