Pour être honnête avec vous, la question de participer aux interprofessions s'est souvent posée au sein de la Coordination rurale – sachant que nous avons dû attendre que le seuil de représentativité soit fixé à 70 % pour pouvoir y entrer. Lorsque je m'occupais de la filière lait, j'ai d'abord voulu que nous rejoignions l'interprofession laitière en même temps que la Confédération paysanne, afin qu'ensemble nous ayons un poids plus important et que nous puissions mettre d'emblée nos conditions sur la table. Les agriculteurs et les industriels n'ont pas le même poids au sein de l'interprofession, du fait du montant de leur contribution respective. En termes de décision, l'intérêt qu'ont les agriculteurs à participer aux interprofessions n'est pas évident. Quant à l'interprofession laitière, la Confédération paysanne y étant entrée avant nous, nous avons finalement dû l'intégrer malgré nous.
Le travail y est très difficile. Nous avons eu du mal, par exemple, à établir les indicateurs de coûts de production qui nous étaient demandés dans le cadre de la loi Egalim. Les fermes de référence, en effet, ont été choisies dans les années 1990 : elles ont amorti leurs outils et ne sont plus représentatives de nos exploitations d'aujourd'hui ni de celles de demain. Ce n'est pas ainsi que l'on prépare un avenir serein, d'autant que les industriels ne nous aident pas : ils savent qu'à défaut de pouvoir s'approvisionner chez nous, ils pourront le faire ailleurs. C'est ce qui explique qu'ils cherchent à se développer non pas seulement en France mais aussi à l'international.