Cette définition ne nous semble pas protectrice pour les agriculteurs. Elle traduit la volonté de ne rien changer à la situation actuelle : on continue avec l'Europe. Pourtant, même si l'on peut parler de balance commerciale positive, la situation devient tout autre si l'on enlève les vins et spiritueux ! Surtout, en une dizaine d'années, notre balance commerciale avec l'Europe s'est inversée : alors qu'elle atteignait 2,4 milliards d'euros en 2014, elle est aujourd'hui négative. La France ne devrait pas avoir à chercher des débouchés dans des pays tiers pour se voir envahie par des produits européens !
Je vous ferai suivre la lettre que j'ai rédigée sur la souveraineté alimentaire en 2020. J'avais calculé à l'époque que la France importait chaque jour l'équivalent de cinquante camions de volaille, dont quarante-sept en provenance d'autres pays européens. Dans la mesure où elle en exportait trente-huit, il lui en manquait treize pour être autosuffisante.
Or les agriculteurs acceptent de moins en moins d'exporter en dehors d'Union européenne des poulets entiers congelés. Ne croyez pas qu'ils continueront longtemps à répondre aux ordres d'industriels qui les tiennent avec les contrats d'intégration. Le modèle de l'intégration n'a pas prouvé sa rentabilité et son efficience à long terme. En Bretagne, 1 million de mètres carrés de poulaillers sont vides parce que les agriculteurs ne voient plus l'intérêt de produire avec des organismes tiers. Entre l'intégration et la politique agricole commune (PAC), ils se retrouvent sous une double dominance économique.
Prenons l'exemple de la société LDC, dans le secteur de la volaille : tout le monde y est lié est de près ou de loin ! Yer Breizh et Huttepain Bretagne, par exemple, en sont mandataires.