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Intervention de Véronique Le Floc'h

Réunion du jeudi 4 avril 2024 à 9h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale :

Je vous ferai suivre notre note réactualisée sur le porc. Pour le vif, le prix au kilo des exportations est chaque année inférieur de 70 centimes au prix d'import. La balance commerciale demeure néanmoins positive. On peut se demander pourquoi on exporte à des prix inférieurs à ceux de l'import. Pour la viande fraîche et la viande congelée, la conclusion est la même, avec un différentiel autour de 70 centimes. La viande congelée, on l'importe au même prix qu'on l'exporte. La viande fraîche, on l'importe 1 euro de plus qu'on l'exporte. Pourquoi ? Pour ce qui est du jambon et de l'épaule non désossée, la balance est positive avec 52 000 tonnes exportées. Mais les prix d'importation sont supérieurs de 1,30 euro au prix d'exportation. Cela se gâte dans la filière des produits transformés. On pourrait transformer mais on ne le fait pas. C'est un problème d'organisation de filière.

J'ai démarré mes travaux au moment d'Egalim. Quand chacune des interprofessions a été invitée à faire état de son plan de filière, je m'attendais à un travail très détaillé. On ne peut pas concevoir, en effet, que de grosses entreprises comme Cooperl se développent à l'international, en Chine notamment où elle fait même de la sélection génétique, sans que cela rapporte quoi que ce soit aux producteurs. Nous ne sommes pas contre ce commerce, mais il doit être loyal et d'un certain rapport pour les agriculteurs dans le cas de coopératives. L'élevage du porc tourne essentiellement autour de la Cooperl, qui représente environ 50 % des producteurs de France.

Pour autant, notre fonctionnement n'est pas adéquat. Les holdings de plusieurs coopératives détiennent les filiales de la transformation, lesquelles réalisent des bénéfices qui y restent bloqués : les producteurs ne touchent pas de dividendes. Cooperl a repris, il y a quelques années, la Financière Turenne Lafayette, alors même que sa holding avait des capitaux propres négatifs. Cette dernière a fait passer la dette de 30 millions à la coopérative, son détenteur de parts, elle les a remontés au bilan et a procédé à l'acquisition. Il nous faut une loi sur les coopératives pour que les filiales dépendent de la coopérative et non plus de holdings, de sorte que le résultat soit consolidé pour les agriculteurs et qu'on les encourage à poursuivre dans ce modèle, qui est certainement le plus abouti mais qui connaît aussi des dérives.

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