Nous sommes frustrés, remontés comme vous n'imaginez pas. J'habite à 20 kilomètres de la frontière allemande ; tous mes collègues allemands ont les moyens de protéger leurs betteraves grâce à l'acétamipride et au flupyradifurone. Le premier est un néonicotinoïde foliaire dont la durée d'action est très limitée. Son autorisation, valable jusqu'en 2035, est en cours de révision par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ; apparemment, l'étude arrive à son terme. Le Gouvernement nous dit que l'autorisation sera retirée : j'attends de voir. Si c'est le cas, il restera le flupyradifurone, qui n'est pas un néonicotinoïde mais qui agit de la même manière sur les insectes. S'il reste autorisé, tous nos collègues européens continueront à protéger leurs cultures jusqu'en 2035. C'est une distorsion de concurrence inacceptable : les marchandises circulent et les autres économies sont protégées quand nous assumons un risque total. Or le marché se rétracte. L'année dernière, on nous avait assuré une compensation en cas de perte. Ce mécanisme ne peut jouer qu'en cas de crise extrême – mais nous ne sommes pas agriculteur pour cela ! Cette année, nous n'avons aucune garantie. Si les prix diminuent et qu'une grosse crise de la jaunisse survient en 2024, avec le risque de perdre 10, 20, 30, 40 % ou plus de la récolte, il est certain que les surfaces baisseront, beaucoup.
Nous ne demandons pas une dérogation, nous voulons que la France nous autorise à utiliser l'acétamipride, homologué au niveau européen.