Je vous remercie de nous auditionner sur le rôle clé des engrais et de la fertilisation dans la souveraineté alimentaire, un sujet encore assez méconnu.
L'UNIFA représente l'ensemble de l'industrie de la nutrition des plantes et de la santé des sols. Nous regroupons trente-cinq producteurs présents sur l'ensemble du territoire français. Les solutions de fertilisation englobent les engrais minéraux, les engrais organiques, les organo-minéraux, les amendements et les biostimulants. Cette palette de solutions de fertilisation des plantes s'adresse à l'ensemble des agricultures : l'agriculture biologique, l'agriculture conventionnelle, l'agriculture régénérative et tous types de cultures.
L'UNIFA produit également les statistiques officielles des livraisons d'engrais minéraux en France métropolitaine, par délégation du ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Un point important qui fait aussi la fierté de nos adhérents : l'UNIFA est à l'origine de la création de la SOVEEA, la Société de valorisation des emballages, des écoactions, des engrais et amendements, un éco-organisme créé en 2007 qui organise la collecte et le recyclage des emballages usagés de l'ensemble des acteurs, distributeurs, fabricants et importateurs d'engrais. Aujourd'hui, 93 % des emballages collectés sont recyclés et nous atteindrons les 100 % en 2030.
Nos entreprises ont une grande diversité des profils : des PME, des entreprises familiales, des entreprises européennes, des groupes internationaux. Cette diversité nous permet de profiter d'une vision complète des besoins et des évolutions du marché.
Le chiffre d'affaires 2023 s'est établi à 2,33 milliards d'euros, et le budget consacré à la R&D à 56,36 millions d'euros.
Les quatre-vingt-deux sites de production et de stockage pour tous les types d'engrais forment un maillage territorial conséquent, au plus près des besoins des agriculteurs.
La filière compte 4 166 emplois directs et 12 490 emplois indirects. Le chiffre à l'export s'élève à 137,5 millions d'euros. L'UNIFA représente environ 58 % des livraisons d'engrais minéraux en volume.
S'agissant des actions des professionnels de la nutrition des plantes et de la santé des sols, nous pouvons citer quatre objectifs prioritaires.
Il s'agit d'abord de contribuer à soutenir la souveraineté alimentaire française. Le deuxième objectif est de contribuer à la décarbonation de la filière agricole, car les engrais restent un point noir important pour l'empreinte carbone des productions agricoles françaises. Le troisième objectif vise à accompagner les agriculteurs et les industriels dans leur transformation, tout en préservant leur performance économique et, bien sûr, en réduisant l'empreinte environnementale. Le dernier objectif est d'atteindre la neutralité climatique en 2050.
Un chiffre montre le rôle clé des engrais dans les productions alimentaires mondiales : on estime que plus de 48 % de la population mondiale est nourrie grâce aux engrais minéraux azotés et surtout grâce à une technologie mise en place en 1909, la fameuse technologie Haber-Bosch. Conçue par un chimiste allemand, Fritz Haber, et son compatriote Karl Bosch, elle nous permet aujourd'hui de fixer l'azote de l'air et de l'associer à de l'hydrogène, principalement du gaz et du méthane. L'ammoniac est à la base de la production de l'ensemble des engrais minéraux azotés.
Depuis 1909, cette innovation est reconnue comme la plus importante, ayant sauvé plus de 3 milliards de vies selon les données de la FAO.
Dans les années 1990, on consommait 11,7 millions de tonnes d'engrais en France, contre 6,48 millions de tonnes en 2023. On a donc réduit de 45 % la consommation d'engrais en trente ans. Cette réduction s'explique par plusieurs raisons, dont le volet économique. Une première rupture a eu lieu dans les années 1980, après la crise pétrolière, lorsque les agriculteurs ont dû rationaliser leur production.
Le volet écologique est lié aux années 1990, à travers la nouvelle PAC, les mesures agro-environnementales, les éco-conditionnalités. Les agriculteurs ont été invités à réduire leur consommation par nécessité.
Suit une grande période d'optimisation dans les années 2000, avec les développements technologiques, notamment les outils d'aide à la décision, un pilotage et un fractionnement des apports, une approche de plus en plus précise des besoins des plantes et de la nutrition.
La déprise agricole signifie que l'on produit moins en France, ce qui entraîne un moindre besoin de nourrir les plantes.
De nombreuses missions se sont succédé ces dernières années pour davantage réglementer les productions d'ammonitrates en France.
Il faut enfin mentionner le volet climatique. Nous assistons aujourd'hui à des changements de rotation, le remplacement du maïs par le tournesol, le développement de légumineuses, fixatrices d'azote, et surtout la réduction de l'élevage, en sachant que les prairies consomment beaucoup d'engrais minéraux azotés.