Je souhaite revenir sur les tensions qui peuvent s'exercer sur un certain nombre de semences et de plants. Je suis député de la Somme et on m'alerte au sujet de tensions sur les pommes de terre depuis trois ans, sans que cela suscite la moindre réaction au niveau français ou européen. Existe-t-il un pilotage, une concertation ? Tout le monde a conscience de l'aggravation de la situation, mais rien n'est mis en place. Quels sont les facteurs du problème ? Je m'interroge sur le lien avec la baisse des agriculteurs multiplicateurs. J'ai noté une diminution de 7 % des exploitations consacrées à ces cultures en cinq ans. Vous avez évoqué des plans pour pallier les problèmes, mais je ne les ai pas trouvés détaillés ni rassurants. Quelles sont les mesures qui ont été prises ? En tant que législateurs, comment pouvons-nous vous accompagner ? Existe-t-il une contestation, une compétition des surfaces sur le sujet ? Existe-t-il un problème de marché ? Ces cultures sont peut-être moins rentables, moins spéculatives que d'autres, et sont peut-être moins soumises à des opportunités de marché...
Les problèmes d'accès au fourrage sont fréquemment évoqués. Au-delà de la sécheresse, sont-ils liés à des difficultés de production de semences de fourrage ? Le manque de fourrage vient peut-être d'une production insuffisante de semences, car la tendance est tout de même de – 20 % sur cinq ans.
On constate également des tensions sur les oléagineux, avec une diminution de 20 %, aussi bien pour l'alimentation animale qu'humaine. Qu'en est-il des tensions sur les agrocarburants ? Les surfaces diminuent, tandis que les cultures se multiplient et se concurrencent, avec des pratiques et des structurations différentes. J'imagine que le passage de l'une à l'autre requiert une technicité particulière et peut entraîner des pertes de compétences.
Vous avez évoqué l'échec régulier des plans de protéines végétales. Quel est le rôle joué par les semences ? On entend régulièrement parler d'un plan de protéines végétales imminent et de la fin de la dépendance au soja grâce au pois et à la luzerne, sans qu'il y ait de véritables avancées. Quelles en sont les raisons ?
Je ne comprends pas la vision d'ensemble du secteur des semences, les liens avec l'État, avec la recherche publique ou encore avec l'industrie chimique, puisque j'ai l'impression qu'il existe des groupes très intégrés avec la chimie et concurrents d'entreprise française. Je ne comprends pas le lien spécifique des acteurs français par rapport à leurs concurrents suisses, américains ou allemands.
J'aimerais également mieux comprendre le succès de la filière française, dont on parle peu. Il semblait que Monsanto, Syngenta et Bayer allaient l'emporter, mais les Français ont résisté avec succès. Quelle était la solution ? Les clés de cette solution sont-elles toujours actives et prometteuses ou sont-elles en crise ?
Quelle est la position de la filière sur les OGM ? Ce n'est pas parce que certains ont clos le débat qu'il n'existe pas. Où est le scandale sanitaire des OGM dans le monde ? Qu'en est-il des milliers de morts et des catastrophes qui ont été annoncés dans le monde ? Nous n'avons aucun retour d'expérience. Je ne suis pas un spécialiste, mais quand j'avais vingt ans on m'expliquait qu'il s'agissait d'un tsunami sanitaire à venir, contre lequel l'Europe avait pris des dispositions contrairement à d'autres pays du monde. C'est aujourd'hui un non-sujet, alors qu'on pourrait tenir compte de dix, vingt, ou trente ans de retours d'expérience.
Nous faisons face à un certain nombre de défis climatiques et alimentaires. Il semble que la filière exporte de manière significative en Europe, tandis que les exportations en Afrique et en Asie, des marchés qui devraient théoriquement être dynamiques, sont plus faibles.
Enfin, il y a quelques années, on parlait de la valeur nutritive des productions alimentaires, notamment des fruits et légumes. Il était très compliqué de distinguer le vrai du faux. On entendait que la rentabilité, la productivité apparente, l'esthétique et la conservation dans les transports avaient été privilégiées au détriment de la valeur nutritive intrinsèque des produits. Quelle est la part de vérité dans ces affirmations ? Si elles sont vraies, il me semble que nous faisons face à un problème de société d'importance. Pour vous, est-ce un sujet de réflexion ?