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Intervention de Pierre Pagès

Réunion du mercredi 3 avril 2024 à 15h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Pierre Pagès, président de l'Interprofession des semences et plants (SEMAE) :

Il est en effet important d'expliquer au grand public l'utilité des NGT afin d'apaiser les craintes. La crise sanitaire a entraîné des évolutions au sein de la société sur les enjeux d'innovation, mais la sensibilisation reste essentielle. Je vous encourage à lire un document qui a été signé par les élus allemands des Verts en 2020 sur ces NGT. Ils écrivent : « Pour faire face au changement climatique, nous aurons besoin de toutes les technologies et de toutes les innovations, y compris les NGT. » Il convient de souligner que nous avons eu tendance à placer des attentes importantes dans ces technologies, lesquelles ne permettront pas de tout régler. Elles sont complexes et leur application prend du temps. Ainsi, les résultats des investissements conséquents qui ont été réalisés en matière de technologies d'édition génomique commencent seulement à se faire sentir dans le monde et en Europe.

Tous ces enjeux, qu'il s'agisse du réchauffement climatique ou de la résistance aux bioagresseurs sont multifactoriels. Nous avons besoin des semences, et les agriculteurs redécouvrent l'agronomie. Les instituts techniques jouent un rôle important, notamment dans l'articulation entre génétique et technique. Arvalis réalise un travail significatif sur les grandes cultures. Par ailleurs, des fonds ont été débloqués par l'État afin de nous accompagner dans le cadre de la sortie des produits phytosanitaires en 2030 et du plan d'action stratégique pour l'anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures (PARSADA). Des moyens importants ont été mis à la disposition des filières pour trouver des solutions de substitution aux produits phytosanitaires. La filière semences s'est engagée ; elle est très active et collabore avec les instituts.

La génétique a d'ores et déjà apporté des solutions. L'helminthosporiose, maladie due à un champignon qui attaquait le maïs, a complètement disparu car nous avons créé, via une sélection conventionnelle, des variétés tolérantes ou résistantes à ce champignon. Les nouvelles techniques doivent nous permettre d'accélérer ce type d'innovation et de réponse. Au sein de l'interprofession, nous avons mis en place un fonds dédié à l'innovation sur le maïs afin de faire face à des ravageurs pour lesquels il n'existe plus de solutions phytosanitaires : le taupin, la géomyze…

Concernant l'évolution et l'adaptation climatiques, l'interprofession a lancé l'année dernière une étude prospective sur l'évolution du climat à l'horizon 2050 afin de réaliser des projections de la manière dont nos zones de production de semences évolueront et seront impactées par le changement climatique. Il s'agit de prendre la mesure des risques auquel nous faisons face dans les différentes zones. On pense parfois qu'il est nécessaire de déplacer les productions dans des zones où la chaleur sera moindre, mais, selon moi, il ne s'agit pas d'une solution satisfaisante. Je préfère me battre pour tenter de pérenniser les productions et trouver des leviers d'adaptation sur les territoires existants. Il est plus cohérent de garder les productions sur nos territoires plutôt que de délocaliser ailleurs en France ou en Europe. Nous en revenons aux leviers de la génétique et de l'agronomie.

Il est également intéressant de constater certains faits. Nos zones du Sud-Ouest ont été très impactées par le manque d'eau en 2022-2023. Avec le renforcement des ressources en eau, on ne règle pas le problème, mais on apporte des solutions. La sécurisation des réserves d'eau en Limagne est essentielle ; la gestion de l'eau sera un levier important. Par exemple, le Pas-de-Calais est une région qui produit des céréales à paille et des plants de pommes de terre. L'hiver a été difficile après les restrictions d'irrigation auxquelles elle a fait face durant l'été 2023. Nous devons donc vraiment nous interroger sur le stockage de l'eau. Dans mon exploitation, entre le 1er septembre 2023 et le 31 mars de cette année, nous enregistrons la pluviométrie d'une année complète. Chez nous, le manque d'eau ne se fait pas sentir. C'est pour cette raison qu'il convient de mettre tous les éléments en perspective et que nous avons lancé une étude pour mesurer les impacts.

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